L’ idée que la 7e mineure de l’ accord IV se révèle être aussi la tierce mineure de l’ accord I est intéressante pour expliquer cette ambiguïté majeur/mineur sur le I / i dans une progression I7 IV7. Mais elle n explique pas pourquoi on peut jouer une penta mineure sur un blues ou il n y aurait qu un seul accord majeur (et il existe pleins d exemples ). Faites l expérience jouer un la majeur en boucle, vous verrez que la penta mineure : la do re mi sol est cohérente harmoniquement.
voici mon explication : c est le rapprochement voire la fusion de 2 gammes quasi jumelles : la gamme mineure naturelle(gmn) et la gamme mineure harmonique (gmh), puis modulé en phrygien puis simplifié en penta.
exemple
en la gmn= la si do re mi fa sol c est également la gamme de do ou le mode la éolien ou mode la mineur naturel
gmh= la si do re mi fa sol# ou mode la mineur harmonique
si l on harmonise ces gammes et que l on généralise une progression d accords nous obtenons:
gmn = lam, sim diminué, do, rem, mim, fa, sol
gmm = lam, sim diminué, do+,rem, mi, fa, sol#m diminué
gmn = i ii(quinte dim) IIIb iv v VIb VIIb
gmh= i ii(quinte dim) IIIb+ iv V VIb vii(quinte dim)
si l on fusionne ces 2 gammes et qu on laisse tomber les accords non parfaits, on obtient :
i IIIb iv v ou V VIb VIIb une progression très utilisée en classique quand on est en mineur, le v servant plutôt a descendre la gamme, le V pour la remonter et conclure.
si maintenant, cette ambiguité majeur mineur, que je retrouve dans le v / V, je veux la retrouver dans le i / I, alors je module et j obtiens : i / I IIb IIIb iv vdim VIb viib (c est le mode phrygien). On constate que jouer rapidement i puis I et jouer ensuite IIIb sonne très blues.
Ainsi sur un accord I ou I 7 il est cohérent de jouer une gamme: fondamentale,seconde mineure, tierce mineure, quarte, quinte, sixième mineure, septième mineure. En supprimant la seconde et la sixième j obtiens une penta : Fondamentale (F), 3ce min, 4te, 5te et 7emin, soit la penta mineure sur un accord majeur. CQFD
voyons ce qu il se passe dans la cadence blues : I7 IV7 I7 V7 IV7 I7.
si l on fusionne le mineur harmonique et le mineur naturel et qu on enlève les accords non parfaits on a :
eolien i IIIb iv v/V VIb VIIb
ionien I ii iii/III IV V vi
dorien i ii/II IIIb IV v VIIb
phrygien i/I IIb IIIb iv VIb viib
ma cadence blues part en phrygien, avec ambiguïté sur le I7 / i7 et possibilité d aller sur le IIIb. IIIb qui sert de pivot possible pour aller en dorien d’ ou l’ on obtient le IV7. retour sur le I7/i7 phrygien. I qui nous permet d aller en V7, donc sur le ionien d ou je tire aussi mon IV7 (pivot dorien) puis retour sur mon phrygien I7 / i7. je peux ainsi faire la penta de i tout du long. Cette manière d’ envisager la cadence permet de penser une seule tonique tout au long du morceau.
Je peux aussi m amuser a jouer une penta majeure sur le I7, puis passer en penta mineure pour le IV7 et j ai le choix pour le V7… ...
Voici pour ce qui est de la cohérence harmonique. Pour ce qui est de l histoire c est autre chose...
Beaucoup de musique africaine, particulièrement: Mali, Mauritanie, Niger, Maroc… utilise, et utilisait j imagine, une penta :
F 2e (absence de tierce) 4te 5te 7emineure
cette absence de tierce et donc de "couleur" majeure ou mineure ne devait pas convenir a l esclavagiste et colon blanc qui a du obliger les esclaves a moduler leur penta en: soit, F 2e 3ce majeure 5te et 6e pour le majeur
soit F 3ce min 4te 5te 7e min pour le mineur
les esclaves n en ont fait qu a leur tête, et puisque traditionnellement ils n avaient pas de tierce et qu on les oblige a en mettre une, qu’ à cela ne tienne, ils en mettront deux….
Ces notes noires si mises en évidence sur cet instrument de blanc qu est le piano, ces notes noires exclues de la gamme de référence des blancs, ces notes noires encerclées et prisonnières des notes blanches vont se libérer et devenir les notes référentes d un nouveau style qui va révolutionner la musique. vive la penta, vive le blues,vive la liberté.
manu.