J'aurais mis beaucoup de temps avant d'essayer puis finalement d'adopter ce micro de qui est pourtant une référence, sans doute trop refroidi par ses détracteurs qui le qualifient (en gros) d'usine à gain sans dynamique mono-tâche. Bref, tout ça pour dire qu'il faut le tester et aller au-delà des clichés, appréhensions et idées reçues qui lui sont associés.
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Alors oui, il y a du niveau de sortie, pas vraiment de surprise. On ne tombe pourtant pas dans la boucherie sans nuance. Ce micro compresse côté attaque, c'est à dire que contrairement à un micro vintage, le son se stabilise tout de suite après le coup de médiator, qui reste audible, mais "ne s'éternise pas". Ce qui explique qu'il ait été choisi par quelques virtuoses comme Al DiMeola ou Paul Gilbert, il permet de faire ressortir clairement toutes les notes lors d'aller-retours et de phrasés très rapides sans que l'attaque n'écrase les notes jouées. C'est donc précis, net, sans être clinique, ce qui signifie aussi qu'il sera difficile de cacher la misère car tout sort sans fioriture. Un effet qui plaira ou sera totalement rédhibitoire pour certains.
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Pour autant, malgré sa réputation de compression monstrueuse, ce micro reste plutôt dynamique. On ne rivalise évidemment pas avec un micro typé vintage mais on conserve une bonne palette de nuances et d'expressivité (particulièrement en lead) dans son registre, allant plutôt du rock au heavy, et éventuellement aussi en blues-rock. Reste qu'on est pas dans le gras, comme avec Seymour, on a là la base du son DiMarzio, plutôt sec (ce qui ne veut pas dire froid), avec des basses précises mais pas, tendues, des médiums proéminents et des aigus doux et présents à la fois. Et lorsqu'on joue ce DP100, il semble évident qu'il a été conçu pour allumer spécifiquement les Marshall des années 70. Il sera sans doute moins à son aise dans des registres modernes ou sur certains amplis avec un voicing différent.
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C'est d'ailleurs sur une SG des années 70 que je l'ai installé, après pas mal de tests infructueux. Je ne cherchais pas le son d'Angus, il me fallait une Gibson qui allume un peu mes amplis pour compléter une autre SG plus sage et classique. J'ai dû tester une dizaine de micros divers (DiMarzio, Seymour, Suhr), avant de tenter celui-ci. Je l'ai adopté instantanément, ça a été une évidence, j'ai retrouvé immédiatement l'approche, l'interaction et les sonorités de la Music Man Axis Sport qui fût ma guitare principale pendant 18 ans. Il est un peu plus direct, moins pincé dans les aigus (plus ouvert) que le DiMarzio Custom conçu pour Van Halen, mais la filiation est évidente, et j'ai donc retrouvé mes petits tout de suite. Bien sûr, la SG a perdu sa vintage touch au change, pour passer dans le monde des players, mais le micro respecte néanmoins la qualité de l'instrument, bonifié par 45 ans de jeu. Bref, ça sonne quoi.
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Sur cette SG, l'attaque dans le bas n'est pas baveux, on peut même aller chercher (dans une certaine mesure) un twang façon Young en rythmique rock. On sent bien que le focus sur les mids est d'abord pensé pour les solistes. Ca passera pour pas mal de genres en rythmiques, mais pourrait ne pas convenir pour certains styles de metal actuel. Je passe sur le jazz, vous vous doutiez déjà que c'est pas l'idéal.. Mais j'ai fini par ajouter un push-pull et le passer de série à parallèle, sans grande conviction, pour tester : la baffe. Si vous ne l'avez pas encore fait, foncez ! Loin d'être gadget, cette option permet d'avoir un tout autre son sous la main, et pas un son au rabais comme sur pas mal de micros une fois splittés. Pour vous dire, Paul Gilbert ne l'utilise que câblé comme ça.
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On se retrouve avec un humbucker d'un niveau de sortie plutôt raisonnable, creusé, comme si on avait retiré les mids. Du coup, le passage de l'un à l'autre, malgré la différence de niveau, se fait très naturellement, et la position parallèle offre une alternative très convaincante au split, pour s'attaquer à des riffs plutôt typés single coil par exemple… sans buzz ni son anémique !
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Au final, quand on va au delà de son nom et de sa réputation de brute, qu'on prend la peine d'exploiter toutes les possibilités de configuration de ce micro, on comprend comment se micro s'est fait une telle place dans nos discographies, de Sonny Landreth à Phil Collen, de Al DiMeola à Kurt Cobain. C'est un micro avec du caractère, qui gommera quelques aspects acoustiques de votre guitare en imposant son voicing et sa compression côté attaque, pour en faire un autre instrument, tout à fait expressif et pertinent. Pour peu que ne cherchiez pas le son de Jimmy Page ou Angus Young par exemple, et sans vous limiter dans un registre de virtuose en spandex ou autre débouleur de manche.
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Il n'est pas réservé à un style, mais conviendra plutôt à une certaine approche de la guitare, plutôt nerveuse ou punchy, orienté lead, réclamant puissance et maîtrise. Pour le strumming en saturé, c'est sans doute le pire choix qui soit.