
Année d’achat : 1973
Prix d’achat : 1 € d’occasion
Prix d’achat : 1 € d’occasion
Lutherie / Finitions
La présentation de ces avis ne colle pas avec l'avis que j'ai publié pour des revues, mais bon, on va essayer d'y entrer sans faire désordre.Comme pour d'autres modèles, on a beaucoup dit et écrit sur les Hummingbird pourtant on oublie souvent de dire qu’on peut les catégorier en quatre périodes, avant le présent, périodes très différentes au point de vue finition, caractéristiques musicales, et pas forcément en accord avec le prix. Voyons donc ces périodes, ensuite j'irai en détails sur la période qui m'intéresse le plus en tant que musicien car je ne suis PAS collectionneur ni marchand.
Attention: les prix "argus" donnés sur le net ne tiennent pas compte de ce point, ça peut être du simple au double suivant l'état de santé de l'oiseau.
Les périodes sont :
L'originale: jusqu'à 69, où la meilleure a cotoyé la pire, certaines ont fait la réputation de Gibson, mais hélas, ce son fabuleux était lié à une construction trop légère associée à un diapason court et une originale « sixties » non réparée est aujourd'hui introuvable. Oubliez les restaurations, c'est de la lutherie paralympique (à comparer entre elles) le snobisme dans un monde musical à la Jurassic Park. Compter 6 à 7000 euros pour une handi de 1ere classe sans trop de prothèses ayant un son correct sans plus.
La transition à partir de 70 jusqu’à la débâcle: Longtemps boudées par les "je-sais-tout" certaines ont survécu sans réparations et hélas les prix montent. La renaissance de la Dove-Love à laquelle on peut les comparer, ne va rien arranger vu son prix.
La Humm’ a été davantage rapprochée des Dove, donc plus solide avec un double barrage type Martin, sonnant moins "sixties", avec un diapason normal, un chevalet vissé et un manche fin proche de la Les Paul. Affectionnant cette série "custom" étiquette rectangulaire orange, elle reste pour moi le meilleur du vintage actuel. Merci à mes amis disparus (les Jacco) de me les avoir fait découvrir avant l’heure. Actuellement elles tournent autour de 4500 à 6000 euros, mais ça ne va pas durer.
La période noire: après 77, quand Norlin qui a racheté Gibson, et l'a trouvée peu rentable !… Kalamazoo occupée par les employés refusant le déménagement, la sortie des « Heritage » correspondantes comparables aux G&L pour Fender, qui faisaient peur disons-le, les stocks de pièces d'époque épuisés, on a commencé à produire à 100% à Nashville avec l'outillage hérité d'Epiphone sur des modèles de Gibson surtout avec des ouvriers débutants.
Donc éviter la période 75-85 si on n'est pas luthier. Ne pas investir plus de la moitié du neuf, une guitare idéale pour l'électrifier pour la scène, ça vaut une bonne épiphone… avec un look Gibson et un bon manche parfois.
La période Bozeman (Montana) : vers 1985, après le rachat des usines qui produisaient Régal (vendu par Fender, un comble !) et Dobro (transféré à Nashville chez Epi), cela a été l'occasion d'une opération marketing d'ampleur sur les acoustiques, utilisant les stocks de bois récupérés lors de l’achat et inviter systématiquement tous les "grands" à visiter et proposer leurs idées (Clapton, Harris, Dylan, Schenker, etc… ) en repartant du schéma de base avec une correction des erreurs du passé.
Bon, des erreurs, ils en font toujours, voir mon commentaire sur la couleur de la Humm' true vintage reissue. Les Bozeman sont chères et bonnes, hélas elles ne correspondent pas complètement à ce qu'attendent ceux qui, comme moi, ont connu la belle époque, sans exception même pour cette "Love"-Dove que j'adore mais 6500 euros neuve et même pas un manche en ébène, faut pas pousser… je préfère mon originale.
Aujourd'hui : pour des raisons faciles à comprendre, les bois qui viennent forcément de l’autre côté de la planète, sont souvent envoyés d' Indonésie ou Corée, à cause des restrictions "écologiques", et ils sont déjà pré-découpés à cause du poids et du prix du transport: autant dire que c'est le format Epiphone Asie « inspiré US », bon milieu de gamme, qui va déteindre sur toute la marque US jusque dans le haut de gamme. Côté bois, pas de différence entre une "junior" et une "custom", juste un choix au "look" par le contrôle-qualité avant orientation. Fini l'Adirondak, le Spruce et l'érable du Canada, c'est Cocobolo, Acacia ou Indian palissandre comme chez Ikea.
J'avais publié il y a quelque temps dans un site, une comparaison Dove - Hummingbird (à laquelle on peut ajouter les « Sheryl Crow » et autres "Gospel" "Heritage" dreadnought, j’y reviens pour ce qui suit, car ceci vaut pour toute la série des « Birds » et restera toujours valable.
Confort de jeu
Cette fois, je recentre sur le Colibri de la période « transitoire » 70-76, que je commence à vraiment bien connaître en tant qu'utilisateur mais pas seulement.Maintenant âgé et possédant entre autres 3 Dove et 3 Hummingbird (plus des "coréennes" équivalentes pour mes enfants), j'ai décidé de revenir sur les différences tant que je les ai encore entre les mains, avant d’en revendre une grande partie, car je ne joue plus.
Pour une même année, j'ai comparé deux Hummingbirds (1973), une 100% Kalamazoo et un 30% Nashville (montée avec des pièces Kalamazoo donc n'annonçant pas Nashville sur l'étiquette) il n'y a aucune différence de qualité, le son légendaire est là, côté confort de jeu, un manche slim de taille normale (25.5) est monté sur toutes les séries "custom" donc des graves-aigues plus présents, mieux équilibrés qu'avec les manches courts des sixties, des bends aussi bons qu'avec une électrique, et le double barrage en X tant attendu par le SAV (brevet Martin tombé dans le public en 70) car si les premières (simple X ou échelle) résonnaient plus longtemps, aucune de 69 ou avant, n'est aujourd'hui intacte, toutes ont craqué, trop fragiles, (voir les annonces) et ça se vend quand même 6000 euros alors que ça ne sonne plus comme avant !
On a trop longtemps caché, par snobisme, les gros défauts de ce modèle qui sonnait "fabuleusement" dans les sixties… et oui, elle était hyperfragile ! Le chevalet qui se décollait s'est vu transformer par le SAV avec 2 vis, prenant en sandwich la table d'harmonie, mais bon, à cause du barrage léger, la table se bombait et l'action devenait très haute. Parfois le manche bougeait aussi.
D'ailleurs la célèbre '64 qui a survécu aux Stones était en fait montée avec une caisse en érable (donc une pseudo-Dove !) réaction de Gibson aux retours massifs en garantie SAV. Le manche et la plaque en font une hybride, et avec l'érable, le son est particulier. La longueur du manche étant différente, basses absentes aigus en avant, solide comme une Dove, sonnant comme une "blues" BB King, mais bends difficiles… c'est pas une Hummingbird.
En résumé, cette série custom 70's que j'aime, possède un manche qu'on pourrait qualifier "d'électrique" et pour cause, même profil que les LP's ! et pour la Dove "Love", plus chère la touche est en ébène. C'est pour moi le top de la série des "Birds".
On ne retrouve pas ce manche sur les Montana et c'est bien dommage. Voir un article sur la Dove-Love re-issue de la Presley rouge 74 (j'en ai une originale), que des compliments, mais pour moi maniaque, ils ont "oublié" la touche en ébène !… à 6000 euros neuve, c'est scandaleux.
Sonorité
Je parle donc d'instruments totalement d'origine, sans aucune réparation, achetés sans aucun défaut, juste des marques d'usage (petites rayures et marque de courroie). Il est important d'accepter ces marques, car pour moi, un instrument de cette classe, s'il est reverni, refretté ou réparé est un instrument foutu pour l’héritage mythique, (voir mon commentaire précédent sur les "sixties") : Juste bonnes à mettre en vitrine.Le pickguard doit être intact, et jamais recollé, s'il se détache, la meilleure solution (de luthier) est la fixation par vis comme pour les Dove et quelques Hummingbird du début des sixties: j'ai été sidéré par le gain en qualité sonore (sustain) que l'on obtient quand la colle a disparu de la table, mais attention on ne revernis pas !… on cire et on visse.
Ce qui est important quand on achète un instrument ancien, c'est non seulement sa sonorité mais surtout être sûr qu'il est intact et donc qu'il va garder ce son ou même encore s'améliorer.
En résumé, chaque période de Hummingbird a UN son !
Celui des sixties (sauf la "Stone 64) avait un son médium moelleux, pas puissant mais un sustain d'enfer dû à sa caisse fragile et son diapason court sans basses.
Celui des "transition" début seventies (plus la "64" des Stones), avait un son équilibré, plus ferme, des harmoniques superbes dûes au manche long et pouvait être électrifié à condition de ne pas mettre un "sandwich" Fishman sous le chevalet.
Celui de la période "noire" (77-85) sonne comme une chinoise, pas mal mais ça vaut pas le prix d'une US. Les meilleures pour électrifier, j'ai même fait des guitares de scène avec, qui tiennent toujours le choc.
Celui des Montana, qui en acoustique (oui, désolé, une Humm' ça se capte avec un micro sur pied) peut être sublime, à condition d'en essayer cinq, de préférence d'occasion. Je n'aime pas du tout le gros manche rond, j'ai revendu la seule que j'avais, qui avait fait un "unplugged" mémorable et ô surprise je la revois parfois à la TV.
Avis général
Acheter une vintage s'adresse à un guitariste qui connait bien la lutherie, sinon, achetez du neuf, c'est nettement moins cher et moins risqué. Les Montana sont d'excellente guitares, surtout dans leur teinte originale par contre je n'arrive pas à me faire à ce profil de manche, je préfère les "slim" diapason 25.5 et le sustain long… long… je n'arrive pas non plus à me faire au vieillissement artificiel (on en reparlera avec les Strato) et là… cet orange pisseux me fait vomir. J'ai une originale qui était cherry-sunburst et qui a pâli… à mon avis chez Gibson Montana, ils n'en avaient plus pour comparer, car y'a pas photo !Vive les Birds ! La Hummingbird pour l'intimité et la Dove pour le concert.
Mais n'achetez jamais une électro, un micro adhésif ou amovible est l'idéal. Surtout rien sous le sillet !
3 sur 3 utilisateurs ont trouvé cet avis utile