qu’en est il de jouer de la musique ?…
Dans écouter de la musique tu as zappé la différence en écoute "passive" qui est la grande majoritaire et l’écoute "active" qui vise à comprendre la structure et l’harmonie d’un morceau.
Cette dernière est souvent l’écoute de musiciens en recherche d’idées.
La pratique est plus liée à l’expressivité d’émotions et la quantité de matériel n’est pas en corrélation, il suffit d’écouter quelques vieux bluesman pour s’en rendre compte.
De nombreux bluesmen disent qu’ils ne jouent qu’une seule chanson, avec des rythmes, des tonalités et des mélodies différentes, ils jouent la chanson de la vie.
Je sais pas.
Il y a quelques temps j’ai reconsidéré mes envies. Qui était de plus en vivre etc
Je dirais que c’est plus lié au monde pro qu’a la musique en elle-même, quoique...
J’ai fais des concerts dernierement avec des organisations qui m’ont gavé. Je sais pas si le problème vient de moi mais disons que la résultante de cela à été que j’ai envoyé chier un paquet de monde et que j’ai décidé de quitter mon groupe dans lequel je ne crois plus et qui ne me stimule pas musicalement.
Je préfère maintenant voir la musique comme un terrain de jeu et un moyen d’expression. Une chance d’être moi même, avec mes qualités et mes défauts et peut-être mes nerfs trop a fleur de peau.
Je ne compte plus faire des concessions et je ne souhaite pas faire du "damage control" avec des patrons de bars ou de la com’ pour me faire bien voir du milieu culturel.
Parce que j’en ai vu des mecs (des "rockers" même) ne pas assumer leurs positions juste pour être dans le sens du vent...
Je fais de la musique pour m’amuser, pour sortir des trucs profonds, pour danser, pour réfléchir, pour apprendre.
En tant que musicien qui fait beaucoup d’improvisation, je ne sais pas/plus si j’ai envie d’être en représentation. De me dire tout les soirs on attends de moi que je fasse fonctionner toute ma matière grise à fond, que j’assure, que je joue bien alors que j’ai juste l’énergie de faire un cluster en Do majeur avec ma tête sur le piano.
J’ai pas non plus envie de rabâcher les mêmes titres encore et encore car je me lasse trop vite.
Et je vois ce qui marche, je vois les intros qu’on coupe pour plaire a l’algo. On met toujours en valeurs des trucs ultra technique parce que c’est rapide c’est impressionnant, ca plait a l’algo et au public mais c’est pas ce que j’ai envie de faire. Je sais le faire, j’aime jouer des choses techniques a vrai dire parce que c’est fun mais c’est pas forcement ce que je veux faire. Je me satisfait juste tellement plus d’une basse et du mélodie avec une belle conduite des voies par exemple.
Et puis je vois des formations à la con vendu par tout le monde, des "artistes" qui n’en sont pas, des mecs qui pensent être de génies en te sortant des lieux communs musicaux etc
La comme ca je parais full aigri mais en vrai c’est pas si grave. C’est juste que je veux plus prendre ces conneries au sérieux.
Voilà mon rapport à la musique en ce jour.
Pour te rassurer peut-être, je ne te sens pas aigri mais sainement détaché
curieux d’avoir vos réactions
Effectivement j’ai souvent constaté deux façons d’écouter de la musique, l’une un peu comme si la musique était du papier peint (utilisé pour "égayer" une pièce : il n’y a pas vraiment d’écoute) l’autre en profitant au maximum de tout ce que le compositeur (et les interprètes) ont mis dans leur création (et interprétation) On peut aussi écouter avec profondeur mais sans être analytique car parfois l’esprit rationnel (le cerveau) se met en travers de la sensibilité (le coeur)
Jouer des reprises de morceaux est un très bon entraînement, en composer est un peu un aboutissement vu que chacun crée quelque chose de lui-même. C’est plus enrichissant de créer et découvrir ce que les autres créent, que de jouer ou d’écouter une (N)ième version d’un morceau dont on connait déjà les (N-1)ièmes versions. Je ne suis pas contre les reprises, je dis que je trouve que la compo est plus intéressante. Plus difficile aussi : perso je n’arrive que très rarement à quelque chose qui ne ressemble pas à un truc déjà fait.
Si on considère d’une part le jeu d’un instrument musical, d’autre part la composition musicale, il n’y a pas à choisir entre l’un ou l’autre; parfois c’est l’un, parfois l’autre, parfois les deux, c’est libre.
C’est vrai que les morceaux sont (très) souvent en 4/4 à 120 BPM sur 3 minutes, c’est "standard". On s’en fout on fait ce qu’on veut, et il y a des groupes qui jouent des morceaux qui ne sont pas en 4/4 ni à 120 BPM et sont interminables. Je suis moi aussi un vieux monsieur :-) alors je n’ai pas d’exemple récent, juste par exemple Pink Floyd, etc.
Tu parles aussi de médias comme la radio et le net (etc) or là je trouve que c’est presque HS avec ton sujet car il ne s’agit plus de musique en soi mais de ’consommation de masse’, et on sait que ça biaise tout ce que ça touche.
Fort intéressant.
Pour la première partie, je dirais qu’il y a la musique qu’on écoute, c’est à dire qu’on a choisi d’écouter en sélectionnant un titre/album, et il y a la musique qu’on subit, que ce soit dans les médias ou même dès qu’on sort de chez soi et qu’on peut parfois apparenter à un habillement sonore ou un produit musical. À moins de se couper du monde, on est obligé de passer par ce second cas et ce n’est pas toujours drôle quand ce qu’on entend fait saigner des oreilles ; bien sûr, c’est très relatif et subjectif !
Et j’ajouterais que même dans l’écoute, il y a une partie d’exploration afin de découvrir de nouvelles choses qui pourraient potentiellement nous plaire, et il y a une partie plaisir simple d’écouter pour la énième fois cet album qui est presque devenu une partie de notre personnalité avec le temps. Écouter une musique qu’on aime est un plaisir immédiat et peut égailler une journée.
Concernant la seconde partie, je pense que la pratique musicale peut être multiple, dans le sens où l’on peut s’exprimer de diverses façons plus ou moins complémentaires par ce biais.
J’ai commencé à jouer (il y a bien longtemps déjà) d’abord parce que ça me fascinait et que je voulais produire les mêmes sons (ou presque…) que ce que j’entendais. Puis j’ai vite compris que c’était un moyen de m’extérioriser qui m’est devenu vital, bien qu’au début, je jouais surtout dans mon coin. Une fois que j’ai enfin eu les moyens de m’y mettre plus conséquemment, d’investir dans du matériel et de prendre des cours, l’envie de ne plus jouer seul s’est faite sentir et bien sûr, jouer en groupe implique généralement (même si ça n’a rien d’obligatoire non plus) de finir sur scène devant un public.
Donc c’est ce que je fais depuis, plus ou moins régulièrement au fil du temps et au gré des formations dont je fais ou j’ai fait partie, avec un plaisir renouvelé, même avec un répertoire exclusivement constitué de reprises plutôt connues. Je comprends très bien qu’on puisse s’en lasser, il y a d’ailleurs des morceaux que je n’ai plus envie de jouer, mais il y en a d’autres que j’aime bien triturer un peu ou réarranger à mon goût.
Puis il y a le public. C’est quand même un truc incomparable de voir des gens prendre plaisir à écouter ce qu’on est en train d’interpréter ! C’est un partage que je trouve revigorant, bien que tous les concerts ne soient pas égaux et mémorables, dès lors qu’une seule personne du public affiche un sourire, la soirée est positive.
Je dois dire aussi que je ne me suis pas contenté de jouer les morceaux des autres, j’ai aussi un certain nombre de compositions à mon actif, ce qui est à la fois un moyen de s’exprimer et un très bon exercice pour progresser, car ça oblige à une certaine rigueur si on veut que ça tienne un tant soit peu la route. Je le fais (un peu moins dernièrement) avant tout pour moi mais j’ai par le passé eu l’opportunité de jouer quelques-unes de mes productions en public (au milieu de reprises) et c’est une expérience à part et plutôt réjouissante !
Aujourd’hui, en plus d’être dans un groupe traditionnel (dans le sens de sa formation) je joue aussi en duo, de la guitare et/ou de l’orgue, tout en gérant une boîte-à-rythme et en créant des boucles (et en chantant un peu aussi) et ça m’amuse beaucoup ! On m’aurait dit ça il y a ne serait-ce que cinq ans, j’aurais eu du mal à le croire et pourtant, je trouve même du plaisir à reprendre certains titres dont je ne suis pas spécialement fan.
Ce qui m’amène à la conclusion de mon pavé : élargir ses horizons pour maintenir l’intérêt ! Je l’ai dit, j’ai pris des cours, d’abord de guitare, ensuite de basse, ce qui m’a permis de jouer rapidement en groupe, puis des cours de chant afin de pouvoir faire des chœurs et finalement, je me suis mis à chanter, et plus tard, je me suis mis à l’orgue, ce qui a changé par la même occasion ma façon d’appréhender la guitare. Donc je ne saurais que conseiller d’aborder un autre instrument, même si ce n’est que pour le faire dans son coin, car ça permet de décaler son regard par rapport à son instrument principal.
Voilà pour ma contribution, merci à qui m’aura lu jusqu’au bout !
Pour pousser la question:
quand on fait de la musique, on ecoute de la musique.
Mais quand on ecoute de la musque, est-ce qu’on "fait" de la musique?
Bonne question !
Je dirais que oui car dans mon cas, quand je kiffe une œuvre à l’écoute, j’ai tendance à la compléter/modifier dans ma tête et très souvent je finis sur ma guitare
quand on fait de la musique, on ecoute de la musique.
Alors, oui mais est-ce qu’on s’écoute les uns les autres ?
Un des plus grands mystères du jeu collectif est d’apprendre à jouer en interaction avec les autres. Et ça, c’est :
-ce qui fait progresser le plus.
-ce qui crée une alchimie collective.
-le plus grand mystère de la musique
Tout à fait : le jeu collectif est quelque chose que j’ai toujours trouvé magique et indéfinissable. C’est le moment partagé qui fait l’alchimie et c’est une expérience unique.
Ça se ressent beaucoup quand on compare à la musique de masse actuelle qui est largement programmée et émulée, il manque quelque chose.
C’est aussi le gros défaut de beaucoup d’auto-productions qui sont proposées actuellement : trop de travail de copier/coller au séquenceur, trop de simulation logicielle, d’effets spatiaux qui au final cherchent à masquer le manque d’humain. Ça sonne bien mais on s’endort à l’écoute, même quand il y a du BPM en masse
C’est d’ailleurs une des raisons qui m’a paradoxalement poussé sur la voie du jeu en solo : pas assez de temps et de discipline pour envisager de faire vivre un groupe, pas/plus envie d’utiliser les boîtes à rythmes, les programmations midi et les samples donc gros focus sur la guitare seule.
En complément, ça fait maintenant plusieurs années que je m’intéresse à la composition et à la structure musicale, j’essaye de construire une approche basée sur l’improvisation et la performance sans aucun artifice et j’ai même laissé tomber les effets et la plupart des pédales (joueur > guitare > ampli > baffle).
J’avoue que je suis très influencé par le génial Dylan Carlson, fondateur de Earth et dont le parcours artistique me bluffe. Il a d’ailleurs produit un album solo sous son nom où il joue absolument seul sur sa guitare électrique (Conquistador, 2018), sans groupe à part un peu de violon par endroit, et ça m’a vraiment motivé à poursuivre dans cette voie.
Mais je ne suis pas anti-collectif, bien au contraire, et peut-être un jour je rejoindrai quelques personnes qui partagent ma vision.
Ça se ressent beaucoup quand on compare à la musique de masse actuelle qui est largement programmée et émulée, il manque quelque chose.
La notion de partage ? Que "quelque chose" se passe en direct ?
Je trouve que c’est flagrant quand on écoute les vieux groupes de boomers, en musiques improvisées. L’alchimie qui se dégage n’a rien à voir avec un type (ou une) devant son écran à bouger des boutons.
C’est ce qui m’a frappé lorsque j’avais écouté le 1er album de Lana del Rey : on entend une femme seule, dans un studio, avec des tripotées de sons venus d’un ordi.
C’est un concept.
Mais si ce concept se généralise, au détriment d’autre formes d’expressions musicales, il y a un hic à mon avis on abandonne quelque chose. Le but n’est pas de créer un truc, mais ça devient comme masturbatoire, à force...
D’ailleurs, on devrait envisager une étude sur le parallèle entre le développement du porno et autres pratiques solitaires… et les pratiques solitaires liées à la musique
C’est d’ailleurs une des raisons qui m’a paradoxalement poussé sur la voie du jeu en solo
En effet, c’est assez ambivalent par rapport à ce tu dénonces juste au-dessus
Tout à fait d’accord avec ce que tu dis à propos du jeu à plusieurs. Chacun reçoit ce que les autres ressentent et chacun renvoie aux autres ce qu’il ressent. Ca crée une dynamique instantanée très forte. Il faut déjà trouver des musicos avec qui on accroche, ensuite ça ne marche pas forcément à tous les coups, mais quand ça marche il n’y a rien de mieux pour décoller !
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