Bonjour
Je suis un ancien élève de l’American School, l’un des premiers diplômés de l’histoire de cette école (de la 2eme année où il y a eu des diplômes) et resté en contact avec Peter Giron malgré la distance...et le temps, mais le hasard fait que je l’ai vu hier soir!..
J’ai aussi un pote batteur dans la place, qui a fait la formation avec moi et qui des années plus tard y enseigne.
D’abord, si ton souhait est d’être musicien professionnel, je tiens à te mettre en garde: si je regarde les presque 30 ans qui sont derrière moi, beaucoup de bons moments, mais beaucoup de galères aussi, et ça ne va pas aller en s’arrangeant: bientôt la fin de l’intermittence? + les mairies qui ont moins d’argent, pour les concerts "institutionnels", ceux qui sont payés dans le respect des règlementations, + les clubs qui ne payent plus qu’aux entrées et pas de fixe, + la crise du disque donc moins de séances d’enregistrement payées possible, c’était déjà difficile au départ, ça le sera de plus en plus.
Maintenant que tu es prévenu: une formation n’est pas faite pour "intégrer le milieu", mais de fait, tu te retrouveras avec des gens avec qui tu bosseras peut-être par la suite, c’est évident, qui t’enverront du taf ou qu toi même tu appelleras pour en proposer, et il faut savoir garder son réseau.
Pour ce qui est de la qualité de la formation, c’est une des meilleures. Tu vas apprendre l’harmonie, le phrasé, analyser les compositions de musiciens de jazz qui ont marqué l’histoire de cette musique, à arranger, à diriger, et à improviser (car l’improvisation, élément clé du jazz, ne s’improvise pas!..c’est un langage et il faut d’abord apprendre à le maîtriser). Il faut aussi comprendre, pour ce qui me liraient et qui ne sont pas spécifiquement intéressés par le jazz, que ce que tu apprendras est ce qu’il y a de plus complexe dans la musique, et qu’une fois que tu sais tout ça, tu es armé pour les autres styles.
De très bon souvenirs pour moi que cette période. Si tu as le courage d’affronter les réalités du métier de musicien décrites plus haut et que tu t’engages là dedans, cette école est vraiment très bien. Par contre, à savoir aussi, le diplôme n’a pour l’instant pas d’équivalence française, par exemple avec le DE, qui te permettrait d’enseigner dans une école municipale, départementale, etc. qui le demandent maintenant systématiquement. (et pourtant il est d’un niveau supérieur, l’équivalence existe avec les Etats-Unis, car l’école a été montée par des anciens de Berklee). Je dis ça car pas mal de musiciens de mon âge tentent de se trouver des postes qui leur garantissent une revenu régulier.
Bon courage...
Salut,
Merci beaucoup pour ta réponse, très complète et en plus de ça, instructive !!!
Je pense que je vais alors tenter le concours, pour cela j’ai commencé à me remettre en forme niveau théorie.
Car j’ai l’impression d’avoir un peu perdu : je relis la théorie de DanHauser pour mettre les choses au clair, avant de me refader le livre de la théorie du jazz.
Si tu devais comparer cette formation au CNSM de Paris ou à l’école Didier Lockwood tu dirais quoi ?
Merci encore
Je ne peux pas te dire pour les autres. Pour l’école de Lockwood j’ai un collègue harmoniciste (Laurent Maur) qui l’a faite, mais je n’ai pas eu le temps d’en parler en détail avec lui, d’autant qu’il se balade entre la Chine et la France. Il m’avait dit qu’il en était satisfait. (Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il était déjà un très bon musicien de jazz avant.)
Pour le CNSM: ça dépend de qui s’en occupe, je ne sais pas. La vision du jazz par les conservatoires est un peu spéciale, les musiciens classiques avaient il y a 15 ans une prédilection pour les trucs un peu free qui leurs paraissaient moderne. Maintenant, ce qui leur paraît moderne, c’est les mesures impaires et les accords à 3 sons (voire des 5tes), il y a moins la référence au phrasé bebop dont le reste découle (à se demander parfois s’ils l’ont compris). Je crois cependant que le CNSM n’est pas dans cette voie-là, ou pas uniquement, et que ceux qui y enseignent ont l’habitude de jouer cette musique. Pour ce qui est de l’obtention du DE dont je parlais, il faut passer par là. Même si la formation de l’IMEP, comme je te le disais, est largement au dessus du DE, mais pas reconnue. Elle est faite pour former des musiciens aptes à faire face à toutes les situations dans leur profession, et pas uniquement pour former des musiciens qui enseigneront à nouveau. Elle est dispensée par des musiciens qui savent ce que c’est que de jouer, de tourner, on va dire "de terrain", qui savent comment ça se passe une fois hors de la salle de cours. Tout en étant d’un très bon niveau théorique.
Didier Lockwood est une bonne école pour ce que j’en ai vu et entendu.
Après le problème avec les écoles de musiques privées c’est que ça coûte très cher et que ça ne vaut "pas grand chose" (j’ai pas dit que c’était nul hein) car très peu reconnues...
Ce n’est pas le cas de certains diplômes comme le MIMA qui seront déjà un peu plus reconnus, mais c’est pas non plus la folie niveau reconnaissance en France...
Si après la philosophie de payer une école des milliers d’euros pour finalement être "formé" à un métier où tu gagneras difficilement plus que 1100 net/mois pendant une bonne partie de ta vie ne te dérange pas. Alors tu peux tenter Lockwood.
C’est assez ex-centré mais c’est sympa et très typé jazz. Il y a pas mal d’offres "d’emplois" au sein même de l’école qui font que tu peux trouver des plans par-ci par-là pour petit à petit t’incruster dans le milieu et enrichir ton CV.
Même si personnellement, je te conseillerai de faire des études plus "classiques" quelques années, histoire d’assurer tes arrières et de t’entraîner pour être prêt. Le tout en parallèle à une pratique instrumentale intense (ce n’est pas impossible, pour mon cas j’ai fait 3 ans d’études de droit en parallèle à 3 groupes de musiques + musiques à l’image, je suis actuellement en Master 2 où j’ai juste réduit le nombre de groupe à 1 / 2).
Faut toujours pouvoir rebondir en cas d’échec, problèmes de la vie ou autre. Si après tu as d’autres solutions pour rebondir (reprendre une petite affaire familial ou truc comme ça) plutôt que faire des études classiques alors lances toi tête baissée, tu as cette chance.
Voilà c’est un peu un conseil de "Maman" si on veut. Mais je me suis fait cet avis tout seul, en constant l’état du marché de l’emploi musical en France, mes opportunités de partir à l’étranger et la difficulté de trouver un job à la première embauche.
Faut mettre toutes les chances de son côté et pour ça il ne faut pas hésiter à être compétent partout. Des spécialistes ont en a plein, un mec qui sait tout faire, c’est rare et possiblement convoité par extension.
My 2 cents...
Sujet intéressant pour le moins...Il y a clairement un problème de projection des écoles avec la réalité de terrain.
Je te conseil de te trouver un cursus pour avoir un boulot qui te permette de manger à ta faim et de faire de la musique en parallèle...
Il y a encore trente ans, on arrivait à trouver des places dans des orchestres de baloche et à tourner pour...le club med’, corsica ferry, p&o, sncm, des grands hôtels ou des studios mais comme l’a écrit mon copain ex-american school, c’est FINI...
Maintenant, ce qui intéresse les majors, les studios et les tourneurs, c’est les choupettes qui ont les cheveux qui collent, qui n’entravent que couic à l’harmonie et qui déboulent en te faisant croire qu’ils ont ré-inventé la machine à cambrer les bananes la nuit dernière.
Pourquoi crois tu que tous les excellents musiciens que l’on vient de perdre cette année sont partis plus tôt que les autres?
Parce qu’ils ont toujours été dans le circuit B, voir C donc pas d’argent pour vivre et se soigner...
C’est en train d’arriver aussi en france.
Fais une fac de musicologie, au moins un master comme moi et après, rien ne t’empêche de t’inscrire à l’arrache au CNSM pour peaufiner ton contrepoint et ton arrangement, voir ton intonation.
Le DE est une formalité mais chiant par la suite, tant le décalage est grand dans les conservatoires municipaux, entre la vrai vie et un pseudo programme pédagogique tiré par les cheveux parce qu’il faut bien justifier la somme d’argent que les elèves payent.
J’ai fais deux saisons dans un de ces conservatoires, l’ambiance y est détestable, et tes collègues plus agés te pourrissent parce qu’ils ont peur de se faire piquer leur place par des jeunes qu’on paye moins.
La seule chose bien est que tu rencontre des musiciens et donc, un plan en amende un autre et ainsi de suite.
Après, y’a les philars. Si tu chantes correctement, tu peux tenter les choeurs de radio-france, ou d’un orchestre de région.
Bon courage, sans te décourager.
PS: dandelot, c’est bien. Jeu de rythme et jeu de clés, c’est mieux… dernier petit conseil: pense la musique par ses intervalles.
Si après la philosophie de payer une école des milliers d’euros
Il y en a quelques unes dont le financement peut être pris en charge, par la région, Pôle Emploi, etc. Le CMDL, qui est une belle référence en jazz, en fait partie. Après, pour les diplômes, en dehors de l’enseignement ou de la reprise d’études, ça n’a pas d’incidence sur l’emploi (ou rarement) en musiques actuelles. Reste que ça conditionne parfois les financements institutionnels en ces temps de restrictions budgétaires, ce qui fait du MIMA un critère important dans le choix d’une école, même si le niveau de cette certification va sérieusement se corser cette année et que les écoles ne pourrons pas présenter tout leurs élèves.
En tout cas, les écoles permettent de se constituer un réseau, d’aborder aussi d’autres aspects de la professionnalisation, comme on le ferait en apprenant sur le tas, certes, mais avec un gain de temps et d’énergie non négligeable. En tout cas, l’American School est une très bonne école, mais pour le jazz exclusivement, je pencherais plutôt pour le CIM ou le CMDL.
Merci pour toutes vos réponses.
Ça m’en apprend beaucoup. Par rapport au dernier commentaire, j’ai quand même l’impression que l’IMEP est une école de jazz..… Le CIM me tente moins, mais je me doute que la formation est de qualité.
Merci beaucouo en tous cas
Je me dois aussi de te signaler l’existence de la Bill Evans Piano Academy (BEPA), l’un des fondateurs était Bernard Maury, que j’ai bien connu et que j’ai eu la chance d’accompagner parfois. Il était un intime de Bill Evans et un théoricien mondialement reconnu. Joe Makholm, qui enseigne à la BEPA, a été un de ses élèves, et...mon prof d’harmonie à L’American School à l’époque.
L’école avait été montée avec le soutien de la famille Evans entre autres.
Je me dois aussi de te signaler l’existence de la Bill Evans Piano Academy
Il me semble que j’ai un ami qui y est… Je lui demanderai
Est-ce que quelqu’un comprend à quel genre de public s’adresse leur "Cycle Libre" ?
Dans la présentation je trouve ceci :
Le cycle libre s’adresse à la fois aux amateurs avertis qui souhaitent se perfectionner dans leur pratique instrumentale, et aux candidats au cycle pro de l’IMEP qui ont préalablement besoin d’améliorer leurs connaissances.
Et dans la brochure :
Le Cycle libre est une formation ouverte aux musiciens de tous niveaux ayant une activité par ailleurs, et
désireux de se perfectionner dans la pratique de l’improvisation, de l’arrangement ou de la composition.
Que l’on soit lycéen, étudiant ou dans la vie active, ce cours donne de solides bases musicales.
ou encore :
Le Cycle Libre (formation à temps partiel) saura combler les attentes des musiciens de tous niveaux désirant
apprendre et pratiquer à leur rythme, dans un cadre de très grande qualité, et une ambiance à la fois
rigoureuse, conviviale et agréable.
Je demande ça parce que le programme me semble intéressant et complet, et me permettrait peut-être de dépasser mon humble niveau. Mais justement, je me demande s’il n’est pas trop humble quand même, mon niveau, car je n’ai que 7 mois de basse derrière moi (alors l’examen d’évaluation, déjà...).
Par ailleurs, savez-vous si dans le cadre de ce "Cycle Libre", les horaires sont adaptés aux salariés ? Il semblerait que oui, mais c’est flou. Il y a le calendrier des cours, mais rien sur les horaires.
Enfin bref, si vous aviez des réponses à mes questions, je suis tout ouïe.
Le cycle libre se passe généralement en soirée et samedi. On y aborde les bases: solfège, harmonie, rythme, arrangement, jeu en ensemble etc… histoire d’avoir des solides bases.
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