Salut,
Je vois ce que tu veux dire. Cela dépend beaucoup de ce que tu as écouté déjà, de ta culture. Le funk est une bible pour ça, mais pas que. En gros, le riff principal est le fil conducteur du morceau, et les quelques interventions sont des fioritures, des détails qui agrémentent le riff. Mais pas besoin d’en faire des tonnes. Un exemple: "Papa was a Rolling Stone". Riff simplissime en apparence, mais encore fallait-il le trouver. Il tourne sur quatre mesures, et sur ces quatre mesures, il n’y a que peu de notes (6 au total), et beaucoup de silences (ça en fait du vide!). Le piège est de remplir ces espaces: ça tue le morceau! Vois ça un peu comme des breaks à la batterie, si il y en a trop, ça saoule, et pas besoin d’en faire des tonnes.
Généralement, ces fills qu’on rajoute au riff ponctuent la fin d’une grille pour passer sur un pont, la fin d’un cycle, pour passer du couplet au refrain, ou le contraire pour passer du refrain au couplet, etc. Mais c’est difficile à expliquer comme ça par écrit. On serait dans la même pièce, avec chacun une basse à la main, je te montrerai des tas d’exemples...
Un conseil, écoute des groupes comme Incognito, Chic, Level 42, Jamiroquai, des artistes comme Stevie Wonder pour ne citer qu’eux… Ça fourmille de riffs plus intéressants les uns que les autres
Au départ c’est bien ce qu’il me semblait, qu’il fallait les placer en fin de grille (d’autant plus pratique que ça en fait moins à trouver ).
Cependant j’écoute justement Jamiroquaï, les différents groupes de la motown et en plus récent du Lenny Kravitz et sur les albums studios on trouve justement les fills en fin de grille. Par contre en live c’est autre chose en général les bassistes sont un peu plus généreux à ce niveau là tout en réussissant à tenir le groove sans que cela fasse "too much".
Vous me direz que c’est le talent, la pratique et c’est sûrement vrai mais je suppose qu’on doit pouvoir arriver à trouver un début d’expliquation.
Oui, l’excitation de la scène contribue à cet "excès" de notes, et puis il faut faire le show, ça fait partie du job.
Sinon, écoute "Uptown Funk" de Bruno Mars, c’est un bel exemple de ce que tu recherches. Il y a un riff, des interventions, pas toujours en fin de grille, parfois en fin de cycles, ou encore à l’unisson avec d’autres instruments.
T’es bien parti, continue ton analyse avec papier et crayons, ça va s’éclaircir
Sinon écoute par curiosité Tim Bogert a l’époque du groupe CACTUS. Il ia une conception de l’acompagnement basse originale qui c’est perdu.
Je me suis fait la même sorte de réflexion en écoutant ça:
Une basse basique avec quelques trucs bien sympa qui "suivent" la voix.
Quel tueur ce Tim Bogert !
Et toujours ce son particulier qui lui est propre, je crois qu’il jouait sur une Precision Bass première version à l’époque, c’est ce qu’il me semble avec Vanilla Fudge et même quand il a joué avec Jeff Beck.
Ah zut, j’avais lu « Conseil sur le placement des filles » !
(je m’apprêtais même à faire un peu de plaçe chez moi)
ha que oui, dans le style a mon avis c’est le meilleur du moins a l’époque dans Cactus, après des bons bassistes il en existe d’autres. En fait, ce qui manque a pas mal de bassistes et même de musiciens tout court, c’est justement l’identité de style et de son. La technique chez pas mal d’entre eux, si elle ne sauve pas la face, en cache une bonne partie
ce qui manque a pas mal de bassistes et même de musiciens tout court, c’est justement l’identité de style et de son.
Dû à des excès de reprises ?
Dû à des excès de reprises ?
je ne pense pas que ça vienne de là. C’est comme tout le reste, tout finit par se ressembler, du moins c’est ce que je constate. Avoir un style propre c’est ce qui au bout fait la différence, on en a, ou on singe un "héro" de son choix, ce qui n’empêche pas que certains bassistes de groupes de renommée mondiale se contentent juste de faire le minimum, genre Cliff Williams ou John Edwards pour ne citer qu’eux...
La discrétion, l’absence d’esbroufe ne me semble pas incompatible avec la personnalité.
Le style ce n’est pas forcément en faire des caisses.
fr.wikipedia.org/wiki/Idiolecte
L’excès de "reprise" me semble aussi hors de propos. Il y a un certain… je-ne-sais-quoi chez beaucoup de musiciens qui fait qu’ils pensent qu’interpréter un morceau ne serait pas assez "artistique" ou assez "valable". Il semble que la musique populaire est le seul "art" où les créateurs se croient ou se veulent ex nihilo...
ça me fait penser à la discussion animée entre Gainsbourg et Béart.
Mais je m’égare...
Je dirais pour revenir à la discussion fait comme tu le sens. ça n’aide pas.
on fait toujours trop de notes, en particulier au niveau rythmique. les silences sont aussi importants que les notes et mettent ces dernières en valeur.
Salut,
merci de vous pencher sur la question , je ne connaissait pas Tim Bogert mais effectivement il a l’air d’assurer le monsieur.
Et sinon vous comment gérez vous la chose? Et d’ailleurs comment les placez vous par rapport aux breaks de batterie? car souvent sur les transitions le batteur cale aussi ses break du coup ça peut être compliqué de placer une variation à ce moment là...
Ça, c’est que de la pratique de groupe, faut fréquenter le bonhomme
… avec plaisir Dans un autre style, Stanley Clarke de Chick Corréa n’est aussi, point de hannetons piqué
Oui mais là aussi il y avait de la pointure à la batterie, la paire Tim Bogert/Carmine Appice est tout simplement énorme !
Bonne question, à laquelle il est difficile de répondre, car c’est de l’art, et il n’y a pas de règle absolue, et puis les goûts et les couleurs…
Comme cela a déjà été dit, attention à ne pas surcharger, surtout dans certains style (genre AC DC ou Nirvana), où les bass fills risquent de casser le style volontairement rentre dedans et basique, et seront donc à éviter ou à faire de manière minimaliste.
Sinon, globalement, l’essentiel est de penser à ne pas trop surcharger le morceau, donc par exemple, peut être éviter d’en mettre sur le solo de guitare, ou sur une partie déjà bien chargée en guitare ou chant. Il faut le mettre là où tu sens qu’il y a une petite place (fin de la phrase du chanteur, rien de spécial à la guitare, etc..). Généralement, ça passe mieux en fin de cycle ou fin de mesure paire, mais c’est pas obligatoire, ça dépend des morceaux. Certains styles qui mettent plus la basse en avant s’y prêtent mieux aussi. Je te conseille d’enregistrer les répetes et de réécouter à tête reposée.
Pour voir comment varier la ligne de basse, en faisant presque pareil mais en opérant des petits changements, sans pour autant faire des bass fills à tout va qui surchargeraient le morceau, je te conseille de jouer les lignes de basse de Flea (Red Hot).
Si tu as un doute à un moment sur un bass fill qui est peut être de trop, retire le: à la basse, il vaut mieux en faire moins que trop 😉
En espérant t’avoir aidé mais il est impossible de répondre objectivement et "scientifiquement" à une question artistique (sans compter que ce n’est que mon avis, et qu’il y a de meilleurs bassistes que moi 😅) 😊
Le sujet qui part en couille, avec les petits égos mesquins de certains...tiens, écoute ça, moi j’aime bien, j’en ai rien retiré mais ça claque...
Ecoute beaucoup de musique pendant très longtemps-joues en groupe, boeuf systématiquement- enregistre tout et ré-écoute tout JUSQU’AU BOUT-pas d’alcaloïdes, drogues- et peut être...hop
Heu, jusqu’à ton intervention, c’était plutôt bon enfant...
Heu, jusqu’à ton intervention, c’était plutôt bon enfant...
Encore un troll… En tous cas, son commentaire m’a bien fait rire
Super tous vos exemples, je vais décortiquer ça.
Sinon concernant ces fameux fills vous faites comment? vous en avez un certain nombre dans les doigts que vous placez de manière plus ou moins improvisée selon les sensations du moment ou bien vous les bossez comme une partie du morceau à part entière et vous les jouez de manière similaire à tous les coups?
Pour ma part, je ne bosse pas ce genre de truc. Ça fait partie de ma culture, de ce que j’ai écouté, de ce que j’aime, de ce que j’ai pu travailler, suivant l’humeur du moment, le feeling, avec qui je joue… C’est un peu comme une conversation quelque part, des fois tu as beau te préparer à dire telle ou telle chose dans tel contexte, quand le contexte arrive tu dis autre chose, voire tu ne dis rien
L’excès de "reprise" me semble aussi hors de propos
Ce que je voulais questionner, c’est le fait qu’à force de vouloir « sonner comme » on finit vite par oublier d’ « être soi » (quoi que cela puisse vouloir dire) une des conséquences étant qu’à terme tout le monde sonne pareil, et qu’on entend principalement plus que des reprises, au lieu de créations réelles (quoi qu’elles puissent être)
Et là je rejoins ce qu’avait ajouté tchacpoum :
tout finit par se ressembler
on fait toujours trop de notes
Il faut dire ça à Wolfie
une autre référence de la basse Jack bruce
On est bien d’accord!
Et là je rejoins ce qu’avait ajouté tchacpoum :
merci sans trop m’avancer et au risque d’en faire sursauter quelques-uns, je pense que le système éducatif pour la plupart est plus axé sur la technique ( depuis quelques années) plutôt que sur la découverte de sa propre personnalité. En ce qui me concerne, rien qu’à voir le placement des doigts d’un bassiste, sans l’entendre, je sais de quelle manière il joue.
rien qu’à voir le placement des doigts d’un bassiste, sans l’entendre, je sais de quelle manière il joue.
Idem pour moi! La seule personne avec qui ça ne me le fait pas, c’est avec un guitariste qui n’est autre que Pat Metheny. Regarde le jouer sans mettre le son
Regarde le jouer sans mettre le son
je regarde souvent des vidéos sans mettre le son et pas que pour la zike et effectivement c’est très révélateur pour ceux qui savent observer. Pat Metheny oui, il y en a d’autres, enfin, pour moi et tous instruments confondus.
je pense que le système éducatif pour la plupart est plus axé sur la technique ( depuis quelques années) plutôt que sur la découverte de sa propre personnalité.
Ca je n’en sais rien, mais en ce qui concerne la découverte de sa propre personnalité, je suis persuadé que le meilleur système éducatif, c’est soi-même. Certes on voit bien plus volontiers les défauts des autres que les siens propres, mais ça aussi fait partie de l’auto-éducation…
Quand je regarde jouer Metheny (qui est l’un de mes guitaristes préférés), je trouve que ce que j’entends est à l’opposé de ce que je vois: j’entends de la fluidité, de la douceur, et quand tu coupes le son, on dirait presque un débutant qui joue raide de raide
Certes on voit bien plus volontiers les défauts des autres que les siens propres
c’est la raison pour laquelle il ne faut pas avoir peur tant que faire se peut de se regarder jouer, avec et sans le son. Et le nec plus ultra est d’arriver a faire de ses propres défauts des qualités inimitables par le plus grand des techniciens
.
Je trouve que les musiciens autodidactes ( ce qui ne veut pas dire qu’ils ne lisent pas la musique ) ont beaucoup plus de style.
Je trouve que les musiciens autodidactes ( ce qui ne veut pas dire qu’ils ne lisent pas la musique ) ont beaucoup plus de style.
Il suffit d’écouter le regretté Mick Karn, qui était 100% autodidacte et qui pour moi est le bassiste atypique par excellence. Dans une interview, il racontait avoir joué avec des musiciens jazzeux émérites, et il était dans ses petits souliers, par peur de ne pas être à la hauteur. Ils ont dit à Mick Karn qu’ils avaient mis des années à "désapprendre" ce qu’ils avaient appris, pour arriver là où lui en était au moment de cette collaboration avec lui...
Il suffit d’écouter le regretté Mick Karn
exact. Paco Serry fait partie de ces gens là et ce qui est amusant c’est la question que lui posent souvent les batteurs ( grands pros de renommée mondiale y compris )…… " comment tu fais ce plan? " il répond " je peux pas te dire, je le sais pas moi même "
Je trouve que les musiciens autodidactes ( ce qui ne veut pas dire qu’ils ne lisent pas la musique ) ont beaucoup plus de style.
Je suis tout à fait d’accord (sans jeu de mot)
D’ailleurs on constate cela dans beaucoup d’autres domaines aussi. Ceux qui ont été éduqués (pour ne pas dire contraints) semblent moins libres (puisqu’on leur a appris ce qu’il faut faire) que ceux qui se sont éduqués eux-mêmes.
Le seul truc à ne pas oublier, c’est de faire de temps en temps une sorte de nettoyage de printemps, par le vide, en étant assez honnête avec soi-même pour se débarrasser de tout ce qu’on a pris et qui ne nous convient pas. ( je ne sais pas si ce que je dis là est trés clair, mais j’me comprend, j’me comprend )
vous placez de manière plus ou moins improvisée selon les sensations du moment
A mon sens, c’est le mieux : naturel, vivant, le feeling sur l’instant.
vous les bossez comme une partie du morceau à part entière et vous les jouez de manière similaire à tous les coups?
Ca, ce doit être d’un ennui écrasant.
Mais peut-être est-ce parce-que je ne suis pas bassiste (je plaisante, je plaisante)
C’est très clair ! Je pense que dans tous les domaines, on ne finit jamais d’apprendre et c’est ce qui est bien. Il est vrai qu’il ne faut pas avoir peur du nettoyage ( comme tu le soulignes). Ensuite, je ne critique pas ceux qui apprennent et je sais que pas mal en ont besoin plus que d’autres. Rares sont les musiciens doués. Cela demande, beaucoup de choses d’être un musicien accomplit donc certain ne s’acquérissent pas avec le travail… On les a ou pas et c’est justement ce que j’entrevois chez pas mal des skis, qui comblent beaucoup de ces vides par une technique technicienne trop voyante pour faire naturelle.
il ne faut pas avoir peur tant que faire se peut de se regarder jouer
J’ai déjà essayé, mais je n’arrive pas à suivre
ha ha ha, moi si, et je me suis souvent fait traité de narcissique et bien d’autres qualificatifs du genre pourtant, c’est bien ça qui m’a fait avancer avec les critiques qui vont dans le bon sens et là, faut mettre son égo in the poker
dans tous les domaines on ne finit jamais d’apprendre
C’est trés vrai.
Celui qui pense n’avoir plus rien à apprendre n’apprendra effectivement plus rien, à commencer par le fait qu’il s’impose à lui même l’interdiction d’apprendre. C’est comme une prophétie auto-réalisatrice (et c’est aussi un retour de manivelle en pleine tronche)
Ça demande pas mal de choses d’être un musicien accompli
Ca non plus je n’en sais rien, comme je ne sais pas ce qu’est un musicien accompli ( cela signifierait qu’il ne lui resterait plus rien à accomplir ? )
Personnellement, un des accomplissements que je recherche dans la pratique de la musique, c’est le plaisir d’en jouer, y compris avec d’autres musicos.
Personnellement, un des accomplissements que je recherche dans la pratique de la musique, c’est le plaisir d’en jouer, y compris avec d’autres musicos.
Pour ma part, je ne bosse pas ce genre de truc. Ça fait partie de ma culture, de ce que j’ai écouté, de ce que j’aime, de ce que j’ai pu travailler, suivant l’humeur du moment, le feeling, avec qui je joue… C’est un peu comme une conversation quelque part, des fois tu as beau te préparer à dire telle ou telle chose dans tel contexte, quand le contexte arrive tu dis autre chose, voire tu ne dis rien
C’est une des meilleures réponses que je n’aie jamais vue dans un topic de bassistes...Que dire… Rien...
Que rajouter....Rien....
Sinon… Merci!!! Denis.
en 10 ans de 1999 à 2009 le nombre d’œuvres déposés à la SACEM à augmenté de 67 % alors que le chiffre d’affaire des ventes de disques ont baissé de moitié. ce qui montre que la création est loin d’être morte.
Aujourd’hui tout le monde peut faire de la musique chez soi et la diffuser.
pas loin d’un quart des français déclare savoir jouer d’un instrument. ça fait beaucoup de monde, même si la moitié en joue rarement.
Il y a une diffusion de masse du moindre quidam. Le fait qu’on puisse voir tout un chacun reprendre un morceau dans sa chambre ne signifie pas que la pratique est fondamentalement nouvelle.
J’ai aussi l’impression qu’on confond souvent "autodidacte" et "isolé". Quelqu’un qui apprend hors d’une structure familiale, sociale ou d’un conservatoire n’est pas forcément un musicien qui invente tout ce qu’il fait et qui apprend seul, dans le noir.
Ce qui fait à mon sens la personnalité d’un artiste, c’est sa personnalité : un façon propre d’utiliser son savoir et son expérience.
Avec le même CAP tu feras des boulangers qui font de la merde et d’autres des miracles.
Alors, là, ça tombe bien, j’ai un CAP Horloger, et un "CAI" Bassiste!!!
C’est comme une prophétie auto-réalisatrice (et c’est aussi un retour de manivelle en pleine tronche)
Je l’aime bien, celle là...
Merci Jean~Christophe...
Avec le même CAP tu feras des boulangers qui font de la merde et d’autres des miracles.
Très juste et finement observé. Il en va de même pour tout. C’est ce que j’ai pu constater dans l’artisanat, sur 50 artisans, tu en a 70 pour cent de médiocres, 20 de passables, 5 de bons et 5 d’excellents. Pour la musique, idem.
Sinon… Merci!!! Denis.
Ah ben je vois que ça bouge pas mal .
@ Denis : je comprend mieux ton fonctionnement pour ces foutues variations, par contre les gérer sur le moment en fonction du feeling c’est effectivement le top mais il faut déjà pas mal de pratique et malheureusement mon niveau ne me permet pas encore de jouer ce à quoi je pense à la volée (comme la parole finalement).
Je commence à y arriver mais sur de phrasés simple, du coup pas de quoi jouer ces fameuses variations...
En tout cas merci à tous pour vos conseils.
Pour les histoires de son, contrairement à ce que j’ai lu, chercher à se rapprocher des sons des artistes qu’on apprécie ne nuit pas à l’identité, sauf à croire qu’on peut se construire artistiquement ex-nihilo, sans la moindre influence extérieure. Ca fait au contraire partie de l’apprentissage. Essayer de reproduire le son d’un autre, c’est apprendre aussi à façonner un son dans l’absolu, et donc comprendre comment forger le sien par la suite. On peut parier que tous les artistes que nous apprécions ici sont passés par cette phase, avec d’ailleurs plus ou moins de succès, soyons honnêtes. Sauf à trouver un enfant-sauvage qui aurait appris la guitare en autodidacte… Bref, il n’y a rien d’incohérent à essayer de se diriger vers les sons qui nous parlent le plus. Le seul vrai risque là-dedans, c’est d’être monomaniaque, de ne s’intéresser qu’à un seul artiste, de manière exclusive.
L’important est de conserver une démarche d’ouverture, et d’essayer de maintenir une veille expérimentale tout au long de son parcours, d’approfondir sa recherche sonore en expérimentant autant les techniques à l’ancienne comme les plus modernes pour faire son son. On peut très bien garder la même direction sonore, celle qu’on a en tête et qui reste une quête perpétuelle, en changeant totalement de moyen d’y parvenir. Le son, c’est d’abord les doigts, mais aussi savoir mettre en valeur ses doigts en apprenant à trouver le matériel qui leur convient le mieux. Car l’autre risque, aussi important que de ne se focaliser que sur un seul artiste, c’est de ne pas remettre en cause son rapport au matos. Ca ne veut pas dire qu’on doit acheter des tonnes de matos, mais qu’il faut expérimenter, apprendre à le maîtriser et non à en être tributaire, et choisir ce qui correspond le mieux à son toucher, à son oreille, à la réalité de la pratique en groupe, du studio, etc.
Avoir un son qui claque dans sa piaule, c’est souvent la garantie d’un son noyé dans le mix en répétition, sans liant avec le reste du groupe, sans grain pour le studio… Ca s’apprend avec le temps et du recul. La tendance actuelle est plutôt à ces sons flatteurs quand ils sont isolé, et qui empêche de façonner un vrai son de groupe. Surtout en guitare. Sur youtube, il existe quelques vidéos de titres légendaires avec les parties instrumentales isolées, ce qui permet de se rendre compte qu’un son monstrueux dans le mix, peut être tout petit, voire affreux quand on le prend séparément. Il faut comprendre aussi ces logiques là quand on commence à travailler le son.
Le son, toute une histoire… plus on offre de matériel aux guitaristes "pour ne pas les nommer " plus ils ont un son étriqué. Les fabricants à une époque ont été jusqu’à marquer sur le matériel ( son Hendrix, son Van Hallen, etc., etc. ). Le son est aussi une histoire de personnalité qui se transmet par les doigts ou autres. Cela aussi, on l’a ou pas. C’est un peu comme la manière d’écrire, on ne la change pas.
Certes, on peut travailler le son mais si a la base on a pas les doigts et même le cerveau, on est mal barré d’autant que la plupart des musiciens confondent le son dans leur chambre et celui en groupe.
J’ai bien dit préalablement que le son était d’abord une affaire de doigts. Mais si tu te branches dans une configuration aseptisée comme ce qui truste le marché de l’amplification aujourd’hui, alors tu masques ce que tu as dans les doigts, et tu te retrouves avec le son d’un autre. Et si tu fais référence aux effets, je suis entièrement d’accord avec toi. J’ai le vertige en voyant certains pédaliers de mes confrères. Je ne joue pas en direct dans l’ampli (même si ça m’arrive de plus en plus souvent), mais je suis convaincu par le leitmotiv Less is More. D’ailleurs, mon ampli est tellement tatillon que je place le strict minimum pour éviter les problèmes de buzz ou de perte de signal. J’ai vérifier lors de pas mal de jam où je ramenais un simple Classic 30, un jack et une gratte, qu’avoir un son direct était redoutablement plus efficace dans un mix, aux côtés de gratteux suréquipés qui passaient en retrait à cause d’effets, de pédales disto gentilles… On pense à faire un joli son, alors qu’il faut d’abord qu’il soit fort et clair dans un mix, pour qu’il y trouve sa place.
Le son étriqué vient du fait de vouloir obtenir un son mainstream (selon le style), qui sonne comme telle ou telle productions, en faisant abstraction que le son de gratte qui nous plaît est intégré dans un mix. Ils veulent avoir le son du disque, dans leur piaule. Soit, sans le groupe, le mix, ni les watts et le volume d’air. Je suis d’accord avec toi, de plus en plus de gratteux cèdent à la facilité, il y a une normalisation du son. Au final, les gratteux qui arrivent à créer leur son dans une logique de son de groupe deviennent très rares, parce qu’ils ne sont plus dans une logique de groupe, et qu’ils débutent aujourd’hui avec du matos qui fait la moitié du boulot pour eux. On cherche la facilité d’utilisation, parfois même de jeu, au détriment du grain. Si le son, c’est les doigts (et franchement, je suis convaincu), il est essentiel de savoir se servir du matos et trouver celui qui met le plus en valeur son toucher et sa conception du son dans une logique de groupe. Tout cela n’est pas contradictoire, c’est complémentaire. De même que cultiver son toucher, le développer, ce fait d’autant plus facilement avec un matériel choisi pour le développer, le valoriser, et non pour s’y substituer.
Tout à fait. Les musiciens raisonnent par rapport a leur propre son et pas au son de leur groupe. Quand on sait que la batterie prend les trois quarts du spectre sonore il ne reste pas grand-chose pour les autres instruments. Le tout est qu’ils ne se retrouvent pas sur les mêmes fréquences. Tout cela se gère il suffit de le savoir de l’accepter et de faire en fonction de la loi du son. Sinon on retrouve des groupes ou sur deux guitaristes on en entend un et l’autre a beau monter le volume, rien n’y fait car c’est une question de fréquence, bref, je ne vais pas faire un cours sur les lois acoustiques. Le pire est que certains sont au courant et continuent à ignorer la chose… faut voir le résultat
J’ai pu assister au balance des Qotsa car arrivé grave à la bourre.
J’ai halluciné du son dégueulasse de chaque instruments solo.
Et encore plus quand ils ont débutés le concert.
Tout était nickel et super distinct.
chercher à se rapprocher des sons des artistes qu’on apprécie ne nuit pas à l’identité, sauf à croire qu’on peut se construire artistiquement ex-nihilo
Pour ma part je ne faisais pas référence aux influences, mais à ce vers quoi chacun tend.
Je persiste à reconnaitre qu’un peu partout et à différents niveaux, il y a de plus en plus de gens (personnes ou groupes) qui semblent avoir plus en tête de "sonner comme" plutôt que de rechercher ce qui est en eux. Là, je résisterai à la tentation de dire que c’est parce-qu’il n’y a rien, je préfère croire que c’est parce-qu’on a réussi à les en persuader.
Dans d’autres messages tu reconnais une tendance à l’uniformisation, même si tu la base plutôt sur le matos.
Dans d’autres messages tu reconnais une tendance à l’uniformisation, même si tu la base plutôt sur le matos.
Ben le matos est un produit, une offre qui répond à la demande. Si le marché est comme ça, c’est bien que c’est la tendance des guitaristes. La pratique de l’instrument s’est démocratisée, et il y a pléthore d’amateurs qui veulent se faire plaisir, se la donner un peu, sans jamais jouer en groupe. Je n’ai rien contre ça, mais forcément, ils ne se confronte pas à la réalité du mix et du jeu live. Et comme des pointures acceptent des contrats juteux pour s’afficher avec ce matos… Aujourd’hui, pour les mecs, c’est plus confortable de jouer avec un JVM410 qui te donne le son d’un Marshall mixé par Bruce Fairbairn (ou plutôt tel qu’on l’imagine) à un vieux JCM800 qui a beaucoup moins de disto, un seul canal, et un son aigus très désagréable dans une garçonnière. Sauf que c’est ce dernier qui règne dans les studios, pas l’autre usine à gaz. Tous les gratteux lorgnes vers le son lisse qu’ils entendent sur le disque, parce que c’est plus doux, plus joli, sauf que c’est le produit du mixage et du placement de micro. Quand tu arrives avec un son lisse comme en studio, difficile de capter le grain et la dynamique, et donc de créer de la texture sonore cohérente de groupe.
La plupart des mix que j’entends dans mes styles de prédilection deviennent de plus en plus de simples mises à plat qu’à des mix de groupes avec une véritable identité sonore. La grande majorité des blueseux est marquée par SRV et le référence s’entend beaucoup trop. Je dis ça en étant fan de Kenny Wayne Shepherd qui est un des rares à en avoir fait vraiment quelque chose de personnel et surtout avec une démarche "à l’ancienne". A contrario, un Bonamassa qui se démarque de l’héritage SRV incarne cette ultra-propreté, cette surproduction qui stérilise totalement sa musique, et c’est bien dommage. J’ose pas le dire de Warren Haynes, parce que je risque le bûcher… Tout n’est pas mauvais dans ce répertoire, mais c’est étriqué et ça redevient gentiment conservateur… Heureusement qu’il reste des hérétiques comme Billy Gibbons ! Pour l’univers du rock, mais surtout du shred, c’est encore plus catastrophique, je te l’accorde volontiers. Surtout chez les techniciens qui sont tous interchangeables.
il y a de plus en plus de gens (personnes ou groupes) qui semblent avoir plus en tête de "sonner comme" plutôt que de rechercher ce qui est en eux.
Je suis bien d’accord sur l’uniformisation des sons, ça manque d’imagination, et surtout d’audace, quelque soit le style, de la pop au shred. C’est tellement conformiste que même ceux qui veulent faire crado le font proprement. Du coup, quand un mec arrive avec un son déglingué, il passe pour un génie. Du coup, il devient la norme, et rebelote ! Certains tentent la 8 cordes ou des trucs improbables… On aura bien la 9 cordes un jour… Franchement, la boucle est bouclée côté matériel. La seule marge qui reste, c’est le toucher. Mais comme l’écrasante majorité des amplis actuels sont de véritables cache-misère, ou que par réaction, à cette propreté, on enterre le signal sous trois tonnes de fuzz....
Donc travailler des sons d’artistes particuliers (et j’entends par là : étudier aussi comment il le font), c’est un enrichissement, le tout étant de ne pas se perdre en route. J’ai moi-même longtemps lorgner sur les sons mainstream à la Satriani, puis je me suis rendu compte que ce type de son n’avait aucun intérêt si tu ne jouais pas dans le même style. Analyser le son d’AC/DC et de Led Zeppelin, si on le fait bien, est un excellent apprentissage, parce qu’ils sont liés à une logique de son de groupe, de mix, de dynamique. Normalement, si t’es un peu malin, tu évites de te lancer dans la copie conforme, parce qu’il est quand même dur de faire sa tambouille perso avec la recette d’un autre. CF Airbourne qui se prendra la comparaison à AC/DC dans la gueule toute sa vie, sans pouvoir vraiment rivaliser ou montrer sa différence.
Depuis un moment déjà, je joue de moins en moins sur le même matos, guitare comprise. Résultat, j’ai jamais aussi bien joué de toute ma vie. J’ai pas tellement progressé sur le plan technique, mais plutôt sur le son. J’ai toujours besoin d’un temps d’adaptation, mais jouer sur plein de matos différent permet vraiment de bosser son touché. J’ai jamais été aussi peu chiant en balance et on m’a jamais autant dit que j’avais un bon son. Le secret réside dans la simplicité je crois, et avoir un ampli qui a un bon son vaut bien plus qu’un ampli qui a 3 voir 4 sons pas terribles. Idem pour les pédales !
Sinon, je valide tout ce que vous avez dit avant sur les sons aseptisés, et dans le genre, Haynes et Bonamassa sont les meilleurs.
tellement conformiste que même ceux qui veulent faire crado le font proprement
Nickel !
Par contre je n’avais pas vraiment pigé ce dont tu parlais à propos du matos.
Merci d’avoir insisté.
travailler des sons d’artistes particuliers (et j’entends par là : étudier aussi comment il le font), c’est un enrichissement
Yep, je ne prétendais pas le contraire, et ai ajouté un truc du genre :
le tout étant de ne pas se perdre en route
et de se faire un bon nettoyage de printemps de temps en temps
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