Bonjour Robert,
Oui, je partage bon nombre de points avec ton constat sur l’enseignement de la guitare. Je pense que tu es un enseignant de valeur, car pour avoir 60 à 80 élèves, cela sous entend que tu apportes à tes élèves ce qu’ils attendent d’un bon pédagogue. Je donne aussi quelques cours, mais je ne dépasse pas 5 élèves par an. Oui!, je devine ce petit sourire qui vient au coin de ta bouche. Pour moi, la priorité, c’est de jouer ma musique et de réaliser tous mes projets de concert, d’avoir le temps de faire du sport (j’en parais 30, mais j’en ai 60),de remplir ma cave avec de bonnes bouteilles, et d’aller courir la gueuse dans les manifestations culturelles, voire divertissantes quand elles ne sont pas culturelles. Après ces urgences, je suis disponible pour des cours et partager mon expérience de la musique avec quelques uns et quelques unes...Mais je sélectionne mes élèves. J’ai un autre métier qui m’assure que la marmite bouillonne pour me donner bonne pitance.
En clair, je ne prends que ceux qui ont vécus des expériences fâcheuses, les déçus des écoles de musique et cours particuliers qui n’évoluent pas ou alors constatent qu’ils se sont faits rouler dans la farine. J’ajoute, petite précision salace qui va surement bien en décourager certains, qu’il faut savoir lire la musique… Oui, je sais, je suis un salaud parce que je ne suis pas décidé à m’adapter à tout. Enfin, bref ceci explique pourquoi, je ne dépasse pas 5...Cela te fait rire. Je t’en prie ne t’en prive pas et vas y à plein poumon! Tu as surement raison .Seuls, les vrais motivés survivent dans mon giron .Petite précision tout de même. J’ai connu une période lointaine de surabondance d’élèves, avec remord d’en voir la majorité se gaufrer...oui, je me confesse, c’est salaud...encore une fois.( que ceux qui pensaient progresser sans sueur, sans labeur et sans efforts voire sans guitare me pardonnent)
Cette histoire a pourtant une issue bien heureuse puisque 9 élèves sur 10, soit 4 sur 5 pour en revenir à la réalité des faits, ont évolué soit vers des projets réels (concerts et collaborations avec des musiciens de bon niveau) et/ou acquis une autonomie pour progresser de façon autonome en autodidacte, et venir me parler ensuite de leurs évolutions et des nouveaux horizons musicaux...
Mon objectif étant de leur faire comprendre comment se démerder tout seul ( c’est à dire comment se définir et se construire un plan de travail pour progresser et atteindre les objectifs accessibles ) ne pas décrocher et jamais se sous estimer, même quand la difficulté pointe son nez.
Quelque soit vos opinions à vous chers lecteurs, ces pérégrinations ont données lieu à de beaux échanges, de bien belles aventures humaines et de solides liens d’amitié.
A la grande époque j’en avais 30 par semaine et le truc était de respecter leurs désidératas. J’enregistrais aussi les cours en audio depuis les débuts 2000 si bien qu’ils avaient le loisir de se replonger dedans une fois à la maison. Maintenant et avec les portables je n’enregistre QUE de courts passages vidéos depuis leurs appareils qu’ils peuvent revoir à souhaits. Inutile d’enregistrer une vidéo de tout le cours.
Cette méthode a à priori toujours fonctionné quel que soit le niveau ou le style musical ou l’âge.
30 élèves et pas plus car j’avais aussi 5 groupes sur le dos, les contrats de pubs qui commençaient à tomber vers 2006, les compos à faire, la vie de famille bref là aussi du boulot. Sans même parler que j’étais nul en mix et ça me rendait fou de ne pas y arriver. Autant en prise de son ça allait mais le mix : je massacrais mes prises de son.
Et par ailleurs je te trouve dur avec ton jugement quant au thread que tu évoques… si on ne peut plus discuter sans que en tâche de fond l’on soit jugé de loin c’est un peu triste je trouve.
Je ne me pose pas de questions quant au long terme car les choses se font naturellement et on vit l’instant présent qui n’est qu’un partage dans la bonne humeur. Seuls les plus motivés et éventuellement les plus doués feront des choses plus tard. J’évite le blabla sauf si il faut expliquer pourquoi ils n’y arrivent pas ou si ça sonne pas. Mais c’est généralement très court. Les mecs sur youtube sont imbuvables tellement ça jacte au lieu de jouer. Je fais jouer un max les gens si ils le peuvent car j’ai apprit comme ça sans me poser la question du temps passé. "ça" se faisait naturellement. Du coup j’ai souvent eu comme retours "merci avec toi on entre vraiment dans le vif du sujet et j’étais venu pour ça"
Pas de collectif sauf si c’est demandé. J’aime avoir une heure avec la personne. Essentiellement chez moi car le magasin de musique où je travaillais à fermé ses portes longtemps de cela. Les outils ? Guitar Pro pour les tabloches. Si j’ai pas assez d’amplis alors pro tools hd et simulation d’ampli. Si j’ai besoin de playbacks j’utilise version karaoke en multi pistes, il m’arrive aussi d’utiliser les originaux dont j’ai pu obtenir les multipistes numérisés. Pro Tools pour ralentir les BPM. Des fois il est possible que les élèves aient de l’intérêt pour la MAO alors j’en profite pour expliquer les bases en commençant par la configuration ordi car finalement peu de gens savent se servir vraiment d’un ordi même chez les plus jeunes quitte à prendre un autre rdv uniquement dédié MAO.
Si je sens avant ou après le cours que la personne ait envie de parler de choses et d’autres et peu importe le sujet, je rebondis toujours dessus quitte à ce que ça dure longtemps. Si j’ai le temps je le fais toujours car j’aime savoir ce qu’ils ont dans le tête, les problèmes, les joies qu’ils peuvent rencontrer et là aussi peu importe le sujet quitte à ce que ça devienne presque une séance de psy dans certains cas de figure. J’aime ça échanger sur des choses qui touchent les gens. Notre vie est faite de choses qui nous tiennent à coeur.
Voilà en vrac… peut-être que j’ai oublié des choses… je reviendrai
Attention, loin de moi l’idée de conspuer tous les profs de guitare. J’ai fait part de mon indignation face à de mauvaises expériences répétées, trop souvent d’ailleurs, pour ne pas dire systématique : des cours particuliers. A tel point, que j’en ai fini dégoûté et me suis mis au piano, mon premier amour, même si je joue encore de la guitare. Ceci dit, j’ai eu aussi un bon prof de guitare quand j’étais jeune (début des années 90), dans un centre culturel. Il se nomme Digby Dent. Son enseignement m’a permis de connaître les bases. Il était à l’écoute, pédagogue et motivant. Et surtout, il nous donnait du travail. Je n’ai pas trouvé cela avec d’autres profs, même chez des musiciens de jazz, qui font surtout du business et de la rétention d’information : moins ils en disent et plus longtemps le cours durera, pensent-ils...
J’ajoute, petite précision salace qui va surement bien en décourager certains, qu’il faut savoir lire la musique…
Ca c’est bon. Clés de fa et de sol, monsieur !
quitte à ce que ça devienne presque une séance de psy dans certains cas de figure
Heu, j’ai connu un prof de guitare qui me considérait comme son "psy". Un jour, il s’est mis à chialer en me disant qu’à l’école il se faisait harceler, que sa mère blablabla, sa soeur pas mieux. P*tain, que j’me suis dit, qu’est-ce que je fous là?
C’est comme tout, il y a d’excellents profs et des très médiocres, comme à l’école, collège, lycée, fac. Quelle est la proportion ?
Enfin, il faut reconnaître que certains profs de musique peuvent se montrer arrogant, voire agressif. Un exemple parmi d’autres : j’ai été témoin au conservatoire, en tant qu’élève, d’une scène incroyable où un prof hurlait sans raison sur les élèves de première année de solfège dès le mois d’octobre, c’est-à-dire avec un mois seulement de solfège en tête. Et nous étions tous très calmes et très studieux à l’époque. Un élève en a même fait une crise de nerf, il s’est roulé par terre en pleurant et hurlant à son tour. Il devait avoir à peine 5 ans !
Je suis désolé de dire cela, mais de par mon expérience j’ai constaté qu’il y avait beaucoup de gens à problème parmi les musiciens : névrosés, hypernarcissiques (énormément !) etc. Ce n’est pas la musique qui les rend ainsi, ce sont ces gens qui choisissent la musique parfois pour une mauvaise raison (pour satisfaire leur égo surdimensionné, par exemple). Rares sont ceux qui font de la musique par amour de l’art ! C’est humain, et ça n’a pas de lien direct avec la guitare.
P*tain, que j’me suis dit, qu’est-ce que je fous là?
Ben moi c’est tous les matins que je psychanalyse, bref… Bienvenu au club !
En tout cas, je remercierai toujours ma prof de solfège à la retraite qui s’est montrée patiente, pédagogue et motivante. Trois années de cours intensifs (rythme, lecture, harmonie etc), à raison de 2h tous les samedis matins au conservatoire du 18è, qui prêtait généreusement une pièce pour l’assoc’ de musique pour adultes.
Super 👍
Bartok, j’adore ton style, les élèves ont dû effectivement apprendre de bonnes bases musicales et aussi la bonne vie, bonne bouteille, amitié, rencontres…
Pour moi, la marmite doit bouillir aussi mais c’est mon seul travail, alors faut faire des concessions, j’en vois de toutes les couleurs et si toi tu en choisis 5 "dignes", moi je trouverai les 5 qui resteront de 7 ans à 18 ans et j’aurai comme toi noué des amitiés et parlé aussi des bonnes choses en apparté.
J’aime le côté "humain" comme disait azprod, et oui des fois on peut parler d’un sujet qui va détendre. Des fois, les adultes arrivent et sont trop stressés, la musique adoucie les mœurs et c’est bon de jammer direct sans trop de prise de tête, vivre la musique pour ses bienfaits. Avec les petits, je vois que si en 15 minutes ils sont au bout du rouleau, alors on parle un peu de leur quotidien 2 minutes et on reviens à la gratte et ils sont plus frais.
Le plus dur je pense, c’est doser l’info que l’élève va pouvoir apprendre au moment où il est devant vous et c là que le côté "psy" intervient pour savoir si c un bon jour pour lui, si il est déjà fatigué avant de commencer, si il faut faire un cours sur une autre notion plus simple, etc.
Aussi, je le remarque bien, la mémoire immédiate comment elle fonctionne par bloc de 7 informations. Par exemple un élève apprend une mélodie et à la 8 ème note il perd le début et il faut recommencer. Alors que si je lui fait répéter les 7 premières notes pendant 10 minutes il va les retenir et on peut passer à un autre bloc de 7, ou pas… 7, c’est théorique mais assez proche de la majorité et ça peut être 7 séquences plus complexes. A savoir qu’elles combinaisons de notes il peut mettre dans un bloc. Généralement, dès qu’une nouveauté technique arrive ça fait déjà un bloc, peut importe le nombre de notes.
Moi aussi, je fait bcp avec guitarpro et live pour ralentir des passages. Ça peut être un sujet à part entière.
Il est vrai que jouer sans trop blablater c le top, je compare ça a un entraîneur sportif, on peut parler de la stratégie mais ensuite faut se bouger!
"par ailleurs je te trouve dur avec ton jugement quant au thread que tu évoques… si on ne peut plus discuter sans que en tâche de fond l’on soit jugé de loin c’est un peu triste je trouve."
Bah, moi aussi j’ai fait des mauvaises rencontres pédagogiques et je sais bien ce que c’est de prendre un mauvais court de zic. Je veux pas éviter les critiques, juste rester focus sur le sujet sinon c’est sans fin les mauvaises anecdotes.
J’aime bien ce que tu dis dans ton post avec le côté psy, on parle jamais assez du rapport humain, trop souvent du solfège (Bartok, c pour toi le "salaud" hahaha)
Bonjour,
Il est toujours intéressant de partager ses expériences et donc je vous fais part de mon point de vue.
Il est vrai qu’il y a beaucoup de propositions de cours de guitare (et autres) sur la toile.
Il est évident que derrière cela il y a des difficultés économiques qui poussent un musicien à se lancer dans ce projet.
Et pourtant, il est très difficile d’être un bon pédagogue.
D’excellents musiciens occupent parfois cette place dans des écoles sans pour autant avoir les qualités et les compétences nécessaires.
Je pense que ce n’est pas du tout le même métier, et cela demande une solide formation et une approche particulière.
Etre doué sur le plan artistique peut vous desservir dans l’apprentissage de votre discipline, car vous risquez de pas comprendre les difficultés d’assimilation de nombreuses personnes, lesquelles ont besoin de suivre une progression pas à pas.
D’autre part, il faut comprendre également que si nous sommes passionnés par notre activité musicale, la plupart des gens sont simplement à la recherche d’une distraction, et veulent passer un bon moment sans chercher à devenir des aigles.
Donc il faut vraiment identifier la nature et les motivations de l’élève qui se présente.
D’autre part, l’expérience compte pour beaucoup, et il ne faut pas hésiter à se remettre en question face à un échec ou un abandon.
Des erreurs nous en faisons tous, il est donc nécessaire d’ajuster sa pédagogie au fil des années.
Pour l’apprentissage du solfège, je vous recommande la méthode Martenot, laquelle est également une méthode éprouvée pour l’apprentissage des arts.
Bonne musique à tous,
Philippe
juste rester focus sur le sujet sinon c’est sans fin les mauvaises anecdotes.
c’est pourquoi j’ai essayé d’aller dans ce sens avec mon post car tu avais clairement posé les choses en introduction. A juste titre.
J’aime bien ce que tu dis dans ton post avec le côté psy, on parle jamais assez du rapport humain, trop souvent du solfège (Bartok, c pour toi le "salaud" hahaha)
LOL non je n’irai pas jusque dire cela. Et plus et bien qu’il n’ait pas laissé de quoi écouter comment il joue (perso j’aime bien savoir à qui j’ai affaire), j’ai supposé que c’était un bon prof (on ne se connait pas certes mais bon… ), et je n’ai rien vu de rédhibitoire dans son exposé. Ce qui compte c’est que tous soient contents y comprit le prof. Si bien que si sa méthode lui va bien et de même aux gens qu’il à en cours je n’y vois pas le moindre inconvénient. Restons focus comme tu le disais.
Pour ce qui est de discuter de choses et d’autres on est bien d’accord : je le fais avant ou après avoir donné 1h de cours
Mais ouai j’aime bien ne pas me tenir qu’au strict contexte du cours pour ceux qui le désirent et si encore une fois, j’ai le temps.
Et plus j’ en sais sur la personne et plus il devient facile de lui faire passer des messages musicaux dans le cadre du cours.
J’ai eu aussi un nombre incalculable de témoignages quant aux mauvaises expériences en conservatoire qui il faut le dire sont restés très longtemps élitistes avant de commencer à mettre de l’eau dans leur vin comme dit l’expression.
Le succès des écoles comme le CIM, le CMA, le MAI et j’en passe ont largement contribué à les faire réfléchir je crois. L’époque également. Le Taz pourrait en parler de tout ça. Mais restons focus !
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