Comment lire une tablature ?
Qu’est-ce qu’une tablature ?
En marge du système de notation « traditionnel », le solfège universel si ennuyeux pour beaucoup de musiciens ; il a toujours existé des systèmes alternatifs permettant l’échange de la musique : les tablatures. Leur lecture se veut plus aisée et plus simple notamment grâce à l’écriture qui prend souvent modèle sur l’instrument concerné. Les guitaristes et autres bassistes autodidactes ayant envahi le monde de la musique, nous nous attarderons plus précisément sur les tablatures guitare/basse (nous les appellerons « les guitares »). Ainsi, une tablature est une représentation graphique d’un manche de guitare. Elle se lit comme si on regardait la guitare d’en haut, la tête de l’instrument à gauche — en position de jeu normal pour un droitier. Bonne nouvelle pour les gauchers, il suffit d’inverser le sens de lecture pour lire une tablature. La vie est injuste, je sais...
Les lignes horizontales représentent les cordes, la corde la plus grave étant représentée par la ligne la plus basse. On adaptera bien entendu cette écriture à l’instrument transcrit, que ce soit pour une basse 4 ou 5 cordes ou une guitare sept cordes avec un beau Si grave. Dans le même ordre d’idée, l’accordage utilisé sera signifié s’il est différent de l’accord standard. Il sera alors généralement indiqué en en-tête, avec le tempo du morceau.
Autopsie d’une tablature
Une image valant mieux qu’un long discours, nous détaillerons les différents signes en situation. Commençons par les plus courants.
Le bend:
1. bend : faire un tiré normal. « Full » signifie que le bend est de 1 ton mais il peut être d’un demi-ton, d’un quart de ton, de deux tons etc.
2. bend and release : faire un bend d’un ton et revenir à la note initiale en laissant sonner.
3. gradual bend : faire un bend d’un demi-ton, puis d’un ton. (avec un release dans notre exemple)
4. prebend : attention ça se corse ! Dans cet exemple il faut d’abord faire le bend (ici un ton) puis faire sonner la note après.
5. prebend and release : la même chose avec un bend de deux tons et un release.
Le slide:
1. Attaquer la première note et glisser jusqu’à la suivante. La note finale ne doit pas être attaquée.
2. Attaquer la première note et glisser jusqu’à la suivante. La note finale doit être attaquée.
3. Glisser jusqu’à la note voulue en partant du haut du manche sans attaquer la note finale.
4. Glisser jusqu’à la note voulue, mais en partant du bas du manche sans attaquer la note finale.
5. Faire sonner puis glisser vers le haut du manche.
6. Faire sonner puis glisser vers le bas du manche.
Le hammer-on et pull-off:
1. le hammer-on : faire la sonner la première note puis frapper la seconde avec un doigt pour la faire résonner, mais sans utiliser la main droite. Mot à mot ça se traduirait par « marteau sur », tout est dit !
2. Idem, mais sur l’ensemble des cordes en jeu legato.
3. le pull-off : faire sonner la première note et lever le doigt pour faire sonner la deuxième, ce qui implique que vous soyez déjà en place avant de faire l’effet. Dans notre exemple l’auriculaire pourrait être sur la 7ème case et l’index sur la 4ème. En français, pull-off veut dire « retirer », là aussi tout est dit !
4. Idem. Il vous appartient de vous organiser pour ne pas vous emmêler les pinceaux, euh... les doigts ! Restez logique !
5. Faire un hammer sans attaquer au préalable, seule la force de la frappe fera résonner la note.
Les autres effets de jeu:
1. palm-muting : jouer en étouffant plus ou moins le son en appuyant la paume de la main droite sur les cordes.
2. dead-note : gratter les cordes sans les laisser résonner pour produire un son sec et percussif.
3. let ring : laisser sonner...
4. trill : succession plus ou moins rapide de Hammers et pull-off.
5. le tapping : la première note est tapée avec un doigt de la main droite (ou le médiator) pour ensuite laisser résonner les suivantes.
6. le vibrato : bah euh... faire vibrer la note. Si la mention « w/bar » est précisée, effectuer l’effet avec le vibrato de l’instrument. 7. Idem, mais en plus accentué.
8. tremolo picking : jouer et répéter la note très rapidement.
9. natural harmonic : harmoniques naturelles, à jouer au-dessus des frettes sans plaquer la corde sur le manche. Le toucher doit être très léger.
10. artificial harmonic : harmoniques artificielles. Pour les faire sonner, il faut pincer la corde avec le médiator et le pouce en même temps.
Les effets avec la barre de trémolo :
Il est assez difficile d’expliquer comment lire une tablature utilisant la barre de trémolo tant son utilisation peut être extrême ! Ainsi la transcription se fait au cas par cas, avec le maximum d’informations pour une exécution correcte. Néanmoins on retrouvera fréquemment les quelques exemples ci-dessus. Vous remarquerez que la plupart sont basés sur le même principe que le bend.
1. Jouer la note puis descendre de deux tons avec la barre de trémolo.
2. Jouer la note puis descendre de 5 tons avec le vibrato puis revenir à la note de départ.
3. Baisser la tige de vibrato de deux tons puis la remettre progressivement en place. C’est le même principe qu’un pre-bend.
4. Jouer la noter et la monter de trois tons.
5. Monter la tige de 5 tons, jouer la note puis redescendre jusqu’à la note normale.
Écrire une tablature
Transcrire une tablature au format texte est un exercice long et délicat. Long, parce qu’il faut tout écrire, patiemment, caractère par caractère... Et délicat parce que les tabs se révéleront bien souvent moins agréables à lire et approximatives : imaginez tous les effets ci-dessus écrits avec des caractères « texte ». Par contre cela n’exige pas de logiciel particulier, un simple éditeur de texte suffit. C’est en quelque sorte un dérivé du principe qui consiste à noter les accords d’un morceau avec les paroles.
Voici un exemple de tab au format texte :
E|---0---0---3---3---|--
B|---0---0---3---3---|--
G|---1---1---0---0---|-- etc...
D|---2---2---0---0---|--
A|---2---2---2---2---|--
E|---0---0---3---3---|--
À noter que vous pouvez utiliser cette fonction sur les forums de Zikinf en utilisant la balise [tab] [/tab], ce qui donnera ceci :
Heureusement, il existe de très nombreuses alternatives pour donner un aspect professionnel à ses tablatures. Je vous invite à consulter la rubrique « partitions/écriture » dans la section logiciels du site. On citera par exemple Tabledit ou Power Tab, mais surtout GuitarPro, qui est sans aucun doute LE logiciel de référence ! Ici pas de prise de tête avec des caractères mal centrés ou d’approximation : banques d’accords, de gammes, notation traditionnelle des notes et du rythme sur portée et/ou sur la tablature, écoute en temps réel au format Midi, impression des tabs sur papier etc. Chaque morceau peut être exporté sous forme de petits fichiers au format propriétaire bien souvent (le fameux. gp de Guitar Pro) pour être ensuite relu par n’importe quel autre utilisateur possédant le logiciel adéquat et une table d’onde midi. Enfin, il me paraît intéressant de mentionner les possibilités multipistes de ces logiciels, qui transforme un simple éditeur de partition en mini-séquenceur midi...
Voici un exemple réalisé avec Guitar Pro : « Hey blues », disponible en exemple avec la version démo.
Pensez aussi que les séquenceurs audio/midi proposent bien souvent un éditeur de partition qui, en plus de vous faire économiser l’achat d’un autre logiciel, transcrivent directement tous les fichiers midi que vous pourriez avoir dans vos compos... Vous n’avez maintenant plus aucune excuse pour ne pas faire de belles tablatures !