Mettre sa musique sur internet
Comment se faire connaître quand on s’autoproduit ? Les concerts, les affiches, le bouche-à-oreille et... Internet ! Mode d’emploi pour faire écouter sa musique au monde entier.
Petit rappel de base sur le fonctionnement d’un site internet : un ensemble de fichiers est présent sur un espace de stockage d’un serveur Web (un ordinateur connecté en permanence à Internet), qui enverra aux ordinateurs de vos visiteurs les fichiers qu’ils demanderont à consulter à l’aide de leur navigateur. Il s’agira de textes, d’images ou... de morceaux de musique.
Pour créer votre site, il vous faudra donc : un espace sur un serveur, et un logiciel (dit « FTP », pour File Transfert Protocol, la norme d’envoi de fichiers vers les serveurs Web la plus couante) vous permettant d’y placer vos fichiers. L’envoi des fichiers vers votre serveur est appelé « mise en ligne », ou « upload ».
La quasi-totalité des fournisseurs d’accès à Internet (FAI, en abrégé) offre un espace à leurs abonnés, souvent d’une taille d’une centaine de Mo, ce qui s’avère largement suffisant pour un site perso. Il existe également des sites vous proposant des espaces pour placer vos pages, indépendamment de votre fournisseur d’accès, ce qui est pratique en cas de résiliation de contrat : votre abonnement terminé, votre site n’aura pas à être déplacé.
Parmi les FAI, on peut citer Free, qui propose en outre quelques pages pour bien débuter et des liens directs vers les logiciels indispensables pour la mise en page, le graphisme, logiciels de FTP etc.
Attention cependant, certains FAI sont plutôt généreux en ce qui concerne les pubs et autres pop-up qui s’afficheront sans votre consentement et qui ruineront votre image professionnelle. C’est également le cas de la quasi-totalité des sites « offrant » des espaces, qui se rétribuent grâce à la publicité qu’ils afficheront sur votre site (Multimania / Lycos, i-France...).
Certains prestataires, comme Club-Internet ou Multimania, proposent même des ateliers pour vous permettre de construire votre site très simplement : vous n’aurez qu’à saisir le contenu et le personnaliser à l’aide de quelques options. Généralement, la simplicité de ces outils se fait au détriment de leur capacité et il s’avère difficile d’en tirer quelque chose de réellement original.
Sachez tout de même que même si votre FAI ne vous propose pas ce genre d’outil prêt à l’emploi, le net regorge d’outil vous permettant la même chose et même bien davantage au prix d’un petit effort supplémentaire. Ces outils se nomment Wordpress, SPIP, Joomla, DotClear...
Votre image professionnelle
L’inconvénient de ces solutions gratuites, c’est qu’elles font amateur. Premièrement par l’adresse de votre site qui reflète autant le nom de la société qui héberge votre site que le vôtre, deuxièmement par vos adresses email, et enfin dans le pire des cas par les pubs qui viennent s’incruster sur votre site.
Les premiers points peuvent être corrigés par l’achat d’un nom de domaine qui n’excédera pas 15 euros/an, et le dernier se réglera pour environ 30 euros/an.
Quel format choisir pour mes morceaux ?
Parmi la pléthore de formats audio existants, ceux qui reviennent le plus souvent s’appellent MP3, OGG, AAC, WAVE, RAM, ou encore WMA.
Lequel est le mieux ? Si tous ont des arguments pour eux, le MP3 remporte la palme de l’accessibilité puisqu’il peut être lu directement par la quasi-totalité des ordinateurs : c’est donc ce format qu’on utilisera pour nos exemples un peu plus bas.
Le OGG a l’avantage d’être « libre », un argument idéologique décisif aux yeux de certains, mais la plupart des visiteurs de votre site ne seront pas en mesure d’écouter un morceau enregistré dans ce format. Le Wave est quasi universel, mais bien trop volumineux, le AAC propose le meilleur rapport qualité/poids de fichier, mais reste encore marginal, excepté sur Mac et pour les possesseurs d’iTunes sur PC. Le RAM est un format relativement intéressant puisque c’est un format réellement axé sur le streaming, et qu’on peut aisément « jouer » avec les taux d’échantillonnages... mais il nécessite un lecteur spécial qui n’est pas du goût de tous. Une autre option existe, consistant à utiliser les codecs de Real alternative... mais on entre là dans un domaine de spécialistes.
Il est judicieux de proposer des versions de différentes qualités pour permettre aux petits modems d’écouter avec autant de facilité que les grosses connexions, dans ce cas le streaming en .m3u et le .ram sont les plus intéressants, car on l’aura compris, plus les musiques sont accessibles et plus les chances d’être écouté sont élevées.
Le MP3 utilise une compression dite « destructive » : elle supprime autant d’informations que nécessaire pour avoir un débit d’information constant prédéfini. Plus les informations sonores de la source sont nombreuses, et plus le MP3 dégradera le son. Il existe également un mode dit VBR (variable bitrate) qui adapte le débit d’information automatiquement : lorsque le son devient complexe (beaucoup d’instruments, pour simplifier) le débit et fort, alors qu’il diminue lors des silences et passages peu complexes (peu d’instruments, donc un signal audio moins riche en fréquences).
Dans nos exemples, nous ne verrons que le mode à débit constant, dit CBR.
Dans ce mode, les facteurs sur lesquels on peut jouer sont :
- le bitrate : c’est la quantité d’informations pour une seconde de son. Elle est définie en kilobits par secondes (kbps) et impacte donc la qualité audio et le poids du fichier encodé. Note : en VBR, on définit un débit mini et un débit maxi.
-
la stéréo : un fichier stéréo est composé de deux pistes, donc nécessite donc deux fois plus d’informations qu’un fichier mono, du moins théoriquement, car c’est un peu plus complexe pour les fichiers MP3. Mais globalement, un fichier 64 kbps mono a une qualité à peu près équivalente à un fichier 128 kbps stéréo.
Le « Joint Stereo » est un mode intermédiaire entre le mono et le stéréo : les fréquences basses, plus difficiles à localiser à l’oreille, sont encodées en mono, ce qui laisse plus de données libres pour les données stéréo.
Les exemples ci-dessous ont été encodés avec l’encodeur LAME, utilisé avec l’interface graphique RazorLame.
32 kbps | 48 kbps | 64 kbps | 128 kbps | |
Stéréo |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Joint Stereo |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Mono |
![]() |
![]() |
![]() |
-- inutile -- |
On note une énorme différence de qualité sur les bas débits entre les versions mono et stéréo. En pratique, le son du Join Stereo se rapproche plutôt de la version stéréo : le gain de débit apporté par la « monoïsation » des basses ne permet pas d’obtenir une qualité suffisante à bas débit (dès 64 kbps). Il pourra en revanche s’avérer être un bon compromis à 96 kbps (non présent dans le tableau). En MP3, le sacrifice de la panoramique peut donc s’avérer salutaire dans tous les cas où l’on doit encoder à 64 kbps et en dessous de 96 kbps.
Écoute directe ou téléchargement ?
Avant tout, commençons par un petit rappel juridique qui a son importance : sachez que vous ne pouvez pas proposer le téléchargement complet de vos œuvres si elles sont protégées par la SACEM. Vous n’avez pas non plus le droit de diffuser vos compositions utilisant des samples qui ne sont pas libres de droits.
L’écoute directe repose sur une technologie dite « streaming ». On choisit bien souvent le streaming pour ne pas permettre à l’utilisateur de conserver les morceaux sur son disque dur, mais c’est une illusion, puisqu’il est toujours possible d’enregistrer le son sortant d’un ordinateur. C’est d’autant plus vrai depuis l’arrivée de ces enregistreurs de streaming qui transforment en wave ou mp3 tout ce qui passe par la carte son — Total Recorder par exemple.
Mettre des morceaux en libre téléchargement
L’opération est très simple : il suffit de placer vos fichiers mp3 sur votre espace web par FTP. Vous pourrez ensuite donner directement l’adresse de vos fichiers aux autres internautes par email ou sur des forums de discussion.
Par ex. : http://monsite.free.fr/morceaux/chanson1.mp3
N’oubliez pas « http:// » en début de lien, indispensable pour garantir un lien valide sur toutes les configurations.
Pour les rendre accessibles d’un simple clic sur vos pages web, il suffira de créer un lien hypertexte qui pointera vers vos fichiers. La création de pages web n’étant pas le sujet de cet article, vous devrez trouver des informations ailleurs.
Attention ! Si vous fouillez ce site, vous trouverez également une rubrique « Paroles et musique sur le web » qui est un ramassis de mauvais conseils. À éviter !
Mettre des morceaux en streaming : c’est à peine plus compliqué. Il faut créer un fichier .m3u. Le principe est simple : c’est un tout petit fichier (de taille équivalente a un fichier .ram) sur lequel est inscrit un lien pointant vers un fichier son, à la différence que le navigateur ne va pas essayer de le télécharger, mais ouvrir les logiciels adéquats pour permettre le buffering et ainsi la diffusion online.
Voici un exemple de m3u :
Ouvrir le bloc-note et y inscrire ceci : (faites un copier/coller)
#EXTM3U
#EXTINF :
Ensuite le chemin complet qui pointe vers le mp3, ce qui nous donne :
#EXTM3U
#EXTINF :
http://monsite.free.fr/musique/morceau1.mp3
Sauvegardez enfin le fichier txt et changez l’extension en .m3u.
Maintenant il suffit de mettre sur votre FTP le fichier audio original et le fichier m3u ; un lien sur la page vers le fichier m3u (ben oui !) pour que le stream commence !
Exemple : tous les fichiers d’exemples enchaînés, du plus petit encodage au plus grand dans l’ordre mono/joint/stereo pour chaque format :
Écouter les exemples enchaînés
C’est simple en fait... Ce principe fonctionne aussi pour n’importe quel format. À noter que le Ogg fonctionne très bien en streaming.
Notez que si vous pouviez encoder vos MP3 en 64 kbps pour les internautes ayant des modems « classiques », le streaming vous force à utiliser un encodage de 48 kbps pour ces utilisateurs. Bien sûr, vous pouvez également proposer des versions streaming en 128 kbps pour les internautes connectés à internet par une liaison haut débit (ADSL, Câble...).
Pour finir
Maintenant que mettre votre musique en ligne n’a plus aucun secret, il vous faut soigner l’apparence graphique de votre site pour lui créer une identité visuelle qui corresponde à la musique proposée.
N’hésitez pas à mettre en place des petits forums et autres livres d’or pour que les auditeurs puissent vous laisser des commentaires. Enfin, un petit plus agréable est la mise en écoute de la totalité des morceaux sous forme de playliste en streaming, votre radio en quelque sorte.
Pour finir, il vous faudra faire la promo de votre site Internet. Vous pourriez commencer par le forum « Écoute-moi ça » de Zikinf afin de demander l’avis d’autres musiciens... et de voir ce que les autres font.